A l'heure où la nuit
passe, au milieu des tranchées,
Ma très chère Augustine,
je t'écris sans tarder
Le froid pique et me glace
et j'ai peur de tomber
Je ne pense qu'à toi...
Mais je suis un soldat
Mais surtout ne t'en fais
pas
Je serai bientôt là
Et... tu seras fière de
moi
A l'heure où la guerre
chasse des garçons par milliers
Si loin de la maison, et
la fleur au canon
Ces autres que l'on tue
sont les mêmes que moi
Mais je ne pleure pas...
Car je suis un soldat
Mais surtout ne t'en fais
pas
Je serai bientôt là
Et tu seras fière de moi
A l'heure où la mort
passe dans le fleuve à mes pieds
De la boue qui s'en va,
des godasses et des rats
Je revois tes yeux clairs
et j'essaie d'imaginer
L'hiver auprès de toi...
Mais je suis un soldat
Je ne sens plus mes bras
Tout tourne autour de moi
Mon dieu sors-moi de là
Ma très chère Augustine
j'aimerais te confier
Nos plus beaux souvenirs,
et nos enfants rêvés
Je crois pouvoir le dire
nous nous sommes aimés
Je t'aime une dernière
fois...
Je ne suis qu'un soldat
Non, je ne reviendrai pas
Je n'étais qu'un soldat
Prends soin de toi
En ce 11 novembre 2013,
devant ce monument aux morts érigé et récemment rénové par
respect et en souvenir de nos Morts pour la France, j'ai souhaité
emprunté les paroles écrites par Marie Bastide et chantées par
Florent Pagny. Magnifique texte décrivant les pensées, les
souvenirs, les espoirs et les regrets d'un soldat qui pourrait être
n'importe lequel de ces 1 400 000 morts en France ou de ces 10
millions de morts dans le Monde lors de la Première Guerre Mondiale.
Dans ce terrible bilan, je n'oublie pas les 430 000 soldats
coloniaux, les 600 soldats fusillés parce qu'ils n'en pouvaient plus
de ces horreurs et les 200 000 corps non retrouvés encore
aujourd'hui. Tous les continents entrent en conflit. Terrible guerre
qui devait être la Der des Der et qui dans les premières années a
fait 10 000 morts par jour.
A l'aube du centenaire du
début de cette Grande Guerre, je souhaite que nous nous souvenions
de ces soldats et des causes qui les ont conduits dans cet événement
mondial le plus destructeur en vie humaine. Aujourd'hui, les photos
que nous voyons dans les médias nous montrent des poilus à la fin
de leur vie mais il faut savoir que ce sont de très jeunes hommes
qui sont partis à la guerre, ils finissaient à peine leur
adolescence qu'ils étaient déjà dans les tranchées. Qu'est ce qui
a provoqué tant d'horreurs et de drames ? Il y avait sans doute
un sentiment de revanche par rapport à la guerre de 1870 où
l'Allemagne était sortie vainqueur mais il y avait surtout la mise
en place de blocs de nations en opposition totale où chacun se
sentait plus fort que l'autre. Cela engendrera alors un engrenage des
alliances et des sentiments nationaux. On a l'habitude d'entendre
parler du sens du devoir pour expliquer que ces soldats soient partis
en guerre. Cependant, il faut être clair, ils n'avaient pas le
choix, il fallait aller à la guerre ! A cette époque, le
recrutement des soldats se faisaient par région donc quand un soldat
mourrait, c'était un copain d'enfance qui mourrait. Les
bombardements ont provoqué la mort de la très grande majorité des
soldats, les soldats meurent sans voir leur adversaire. S'imaginer
cela montre l'atrocité de cette guerre et la banalité de la mort
dans ce conflit. Ne pas même voir les yeux de celui qu'on tue... Le
sens du devoir, la solidarité et la fraternité avec les camarades
connus depuis toujours, la fidélité aux morts et bien entendu une
idéologie patriotique ont fait que ces soldats n'avaient pas le
choix. La spirale de la Grande Guerre était en marche, plusieurs
causes mais une seule conséquence : un bilan en vies humaines
sans précédent.
Aujourd'hui, dans le
monde, certaines de ces conséquences entraînent la même cause.
Soyons vigilants que celles ci ne s'immiscent pas en France et
faisons que des commémorations comme aujourd'hui gardent intact le
souvenir de ces atrocités dans nos mémoires et dans celles de nos
enfants ! Même si le quotidien est difficile et qu'il nous
amène à subir des instants dur à surmonter, ne tombons pas dans la
facilité des réponses ayant engendré ces conflits mondiaux !
Pour terminer, à
l'occasion de cette cérémonie, au nom du conseil municipal de M-A,
je souhaite exprimer mon soulagement et mon bonheur pour la
libération de Thierry Dol, Marc Féret, Pierre Legrand et notre
voisin, Daniel Larribe. Je voudrais profiter de ces instants pour
dire mon affliction sur les propos de femmes et d'hommes politiques
relayés dans les médias sur l'habillement et l'apparence de ces
ex-otages. Profitons de la minute de silence pour avoir une pensée
pour les sept Français en otages dans le monde: Serge Lazarevic et
Gilberto Rodriguez Leal au Sahel, Francis Collomp au Nigeria, et
quatre journalistes en Syrie, Didier François, Edouard Elias,
Nicolas Hénin et Pierre Torrès.
A la mémoire de
l'ensemble des Morts pour la France, depuis la Grande Guerre jusqu'à
aujourd'hui, sur tous les fronts du Monde, à la mémoire de
Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journalistes de RFI tués de façon
atroce dans l'exercice du droit à l’information, à la mémoire de
ces familles qui ont perdu dans de nombreuses luttes un être cher,
je vous demande de respecter une minute de silence.