Bienvenue sur mon blog!

Élue maire depuis 2 ans le 14 mars 2010, j'ai eu envie de raconter cette aventure sur un blog.
Certains autres Maires ont leur blog alors je me suis dit: Pourquoi pas moi? Voilà, c'est fait: j'attends vos commentaires, vos impressions et tout et tout...

En effet, c'est une véritable aventure que je vis depuis 2008! Une aventure humaine incroyable et une aventure personnelle passionnante!

lundi 24 novembre 2014

Je tiens à ma commune!

SOUTIEN A L'ASSOCIATION DES MAIRES RURAUX DE FRANCE

Le rassemblement organisé par l'Association des Maires Ruraux de France (AMRF) devant le Sénat le 28 octobre dernier a donné le coup d’envoi d’une forte mobilisation pour la défense de la commune.
La montée en puissance de ce grand mouvement doit être l’occasion de peser dans le débat sur la réforme territoriale.
L'heure est venue de nous faire entendre ; car s’il est vrai que les querelles touchant au nombre de régions font beaucoup de bruit dans les médias et les partis politiques, nous devons faire la lumière sur un autre projet, autrement important, car il menace les fondements mêmes de notre démocratie : celui qui touche les communes et les communautés de communes.
Dissoudre les communes existantes dans de grands ensembles flous, c’est depuis longtemps le rêve inavoué des technocrates ; c’est le moyen de noyer la voix récalcitrante des élus de terrain qui échappent, pour la plupart d’entre eux, à la vague de discrédit qui affecte les politiques, et mine en profondeur nos institutions. Supprimer le lien de confiance qui les rattache à la population, c’est courir le risque de la pousser à la révolte, de favoriser les dérives populistes.
Il est temps d'exprimer haut et fort une autre vision de l'organisation territoriale qui ne mette pas au rancard cette démocratie de proximité qu’incarne la commune.
Exigeons que reste aux communes toute liberté de choix quant aux liens qu’elles voudraient nouer entre elles ; exigeons, en clair, que soit aussi préservée la liberté de choix des citoyens.
C'est là la raison d’être l'Association des Maires Ruraux de France, c'est le sens même de notre combat.
L'AMRF appelle donc à saisir l'occasion du prochain congrès de l'Association des maires de France, du 25 au 27 novembre, association dont elle est également membre, pour faire entendre sa voix au gouvernement et aux parlementaires, pour les mettre solennellement en garde contre un projet qui menace d’anéantir cette cellule de base, constitutive de notre démocratie.
C’est pour faire passer ce message que les maires ruraux se proposent de venir en nombre, ceints de l’écharpe tricolore, au congrès de l'AMF.
L'Association des Maires Ruraux du Gard ne saurait manquer de s’associer à cette démarche nationale ; c’est pourquoi des représentants de l'association départementale répondront présents, au nom de l’ensemble de leurs collègues, pour faire entendre leur voix en cette grave circonstance, capitale quant au devenir de notre vie démocratique.
Au plus près du vécu de leurs concitoyens, ils veulent continuer à faire écho à leurs aspirations.
Faire que cette parole ne soit pas étouffée, confisquée, c’est d’ailleurs une question de salut public.


Aurélie GENOLHER, Maire de Massillargues-Atuech, Secrétaire de l'AMR30 et Henri DE LATOUR, Maire de Lasalle, membre du bureau de l'AMR30

mardi 11 novembre 2014

Discours du 11 novembre 2014

Les ombres se mêlaient et battaient la semelle
Un convoi se formait en gare à Verberie
Les plateformes se chargeaient d’artillerie
On hissait les chevaux les sacs et les gamelles

Il y avait un lieutenant roux et frisé
Qui criait dans la nuit sans arrêt des ordures
On s’énerve toujours quand la manœuvre dure
Et qu’au-dessus de vous éclatent les fusées

On part Dieu sait pour où Ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n’être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relève

Le train va s’en aller noir en direction
Du sud en traversant les campagnes désertes
Avec ses wagons de dormeurs la bouche ouverte
Et les songes épais des respirations

Il tournera pour éviter la capitale
Au matin pâle On le mettra sur une voie
De garage Un convoi qui donne de la voix
Passe avec ses toits peints et ses croix d’hôpital

Et nous vers l’est à nouveau qui roulons Voyez
La cargaison de chair que notre marche entraîne
Vers le fade parfum qu’exhalent les gangrènes
Au long pourrissement des entonnoirs noyés

Tu n’en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j’ai vu battre le cœur à nu
Quand j’ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n’en reviendras pas vieux joueur de manille

Qu’un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu’il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l’ancien légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux

Roule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secoue
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac la laine et la sueur

Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées

Vous étirez vos bras vous retrouvez le jour
Arrêt brusque et quelqu’un crie Au jus là-dedans
Vous bâillez vous avez une bouche et des dents
Et le caporal chante Au pont de Minaucourt

Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit
Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s’efface
Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri

En ce 11 novembre 2014, centenaire du début de la première guerre mondiale, j'ai tenu à commencer mon discours par ce poème noir, terrifiant de Louis Aragon. Aragon ne nous a guère habitué à ce style de poème. D'habitude, il préférait parler d'amour voire de chagrins d'amour. Dans le livre « Roman inachevé », Louis Aragon nous dévoile une facette de sa personnalité, plus sombre, plus triste. Ce poème de guerre a été écrit en 1956 et il parle de cette première guerre mondiale qu'Aragon a vécu en tant qu'enrôlé comme médecin auxiliaire. Durant ces années-là, il a été frappé par les morts de nombreux blessés y compris celle d'un jeune soldat allemand lecteur de poésies. Dans son poème, Aragon décrit un compartiment d’un train de transport de troupes qui montent au front. Les soldats de ce compartiment seront tous tués et le poète voit le monument aux morts sur lequel leurs noms seront gravés dans un des plus beaux quatrains de la poésie française où le mot répété « Déjà » sonne comme un glas jusqu’au dernier vers éblouissant : « Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri ».

Louis Aragon voit ce monument aux morts comme celui devant lequel nous sommes recueillis aujourd'hui, monument aux morts comme il en existe pratiquement dans toutes les communes de France. Dernièrement, je regardais une émission où dans un petit village, deux dames d'une quarantaine d'années se questionnaient devant cet édifice : « mais qu'est ce donc ? Il y a des noms écrits dessus ? » Et là, j'ai eu honte, honte pour mon pays, honte pour mes compatriotes, honte pour ces soldats qui se sont battus jusqu'au bout, honte pour nos morts pour la France. Je peux admettre qu'on ne se rappelle pas de certaines dates, de certains lieux mais qu'on ne sache pas ce qu'est un monument aux morts, là je ne comprends pas !
C'est dans ces moments-là que l'on se dit que le devoir de mémoire est indispensable et que le souvenir de la première guerre mondiale doit être pérennisé, que les cérémonies comme celles d'aujourd'hui ont un objectif, une force et une importance de plus en plus grande en particulier dans le contexte que nous vivons aujourd'hui.

Alors souvenons nous...
Souvenons nous des causes de ce conflit mondial. Certes, il y a eu l'assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l'empire austro-hongrois, et de son épouse à Sarajevo le 28 juin 1914 par le jeune nationaliste serbe Gavrilo Princip mais cet événement apparaît aujourd'hui comme un simple fait divers qui ne peut évidemment rendre compte des origines de cette guerre. Celles-ci sont beaucoup plus à rechercher dans l'état de tension croissant de la situation internationale, le climat s’est dégradé entre la France et l'Allemagne, puissances coloniales qui se disputent l'Afrique..D’autre part, chaque pays a engagé une véritable course aux armements et au renforcement de ses effectifs militaires. Ces diverses causes entraîneront des conséquences effroyables et sanguinaires.
Souvenons nous du terrible bilan humain pour le monde entier, 12 millions de morts et la France quant à elle déplore 1 400 000 morts , 740 000 invalides, 3 000 000 de blessés, des centaines de milliers de veuves et d'orphelins
Souvenons nous de ce 3 août 1914 et de ce tocsin qui retentit dans toutes les communes de France et de la mobilisation qu'il entraîne...
Souvenons nous de cette peur qui jaillissait des tranchées
Souvenons des tirailleurs africains qui se sont battus pour la France
Souvenons nous des fusillés pour l'exemple
Souvenons nous du courage de tous ces soldats
Souvenons nous de ceux qui en ont échappés et de ceux qui y sont restés
Souvenons nous de ceux qui n'ont pu raconter, jamais, l'effroi et l'horreur d'une guerre
Aujourd'hui, il nous appartient à toutes et à tous de nous souvenir de ce 11 novembre 1918, de cette paix que chacun croyait alors éternelle, ce devait être la Der des Ders
Souvenons nous de tout cela et plus encore, souvenons nous afin de préserver la paix, cette paix que nos ancêtres ont obtenu au prix de leur vie, souvenons nous afin de défendre les fondements de notre République et de l'Europe
Souvenons nous tout simplement malgré le temps qui passe et qui nous éloigne d'un siècle que cette guerre a ouvert
Souvenons nous pour ne pas reproduire les erreurs et les horreurs du passé
Souvenons nous pour accepter la diversité, pour comprendre les différences
Souvenons nous pour être tolérants, pour avoir du respect pour l'autre et le prendre tel qu'il est
Souvenons nous... tout simplement

Menotti AGNOLINI Mort pour la France / Emile BERBILLER Mort pour la France / Paul BERBILLER Mort pour la France / Auguste BERNARD Mort pour la France / Gustave BRUNEL Mort pour la France / Onésime COSTE Mort pour la France / Georges COSTE Mort pour la France / Edmond DHOMBRES Mort pour la France / Jules GENOLHAC Mort pour la France / Emile GUYON Mort pour la France /

En mémoire de nos morts pour la France, en mémoire de tous nos ancêtres, des miens et des vôtres, en mémoire de ceux qui sont revenus sans jamais en parler et sans jamais oublier, en souvenir de ceux qui sont morts, en mémoire de nos soldats en combat au moment où je parle, en mémoire des peuples opprimés à travers le monde, je vous demande de respecter une minute de silence.