Bienvenue sur mon blog!

Élue maire depuis 2 ans le 14 mars 2010, j'ai eu envie de raconter cette aventure sur un blog.
Certains autres Maires ont leur blog alors je me suis dit: Pourquoi pas moi? Voilà, c'est fait: j'attends vos commentaires, vos impressions et tout et tout...

En effet, c'est une véritable aventure que je vis depuis 2008! Une aventure humaine incroyable et une aventure personnelle passionnante!

jeudi 8 mai 2014

Mon discours du 8 mai

Chers vous tous,

Aujourd'hui, dans chacune des communes de France, il est rendu un hommage solennel à toutes les victimes de la Seconde Guerre Mondiale et aux vainqueurs de cette grande tragédie. Ce rassemblement est d'abord l'occasion de rendre hommage aux anciens combattants, de témoigner notre reconnaissance éternelle à toutes ces femmes et à tous ces hommes, venus d'horizons et de pays différents, morts pour la France, au nom de la liberté, pour notre liberté à tous !
Dans la liesse d'une vie redevenue possible, les joies et les pleurs se sont mélangés. Notre mémoire populaire porte le deuil de 55 millions de victimes, de pères, de mères, de frères, de sœurs, d'enfants victimes d'une pensée terrible, une pensée fasciste. En Europe comme en Asie et en Afrique, le coût humain de ces six années fut effroyable. Aux victimes que je viens d'évoquer, il fait ajouter 35 millions de blessés, 3 millions de disparus, 1,5 millions de personnes tuées par bombardements aériens, 30 millions de civils tués parmi lesquels 6 millions de juifs exterminés pour la seule raison d'être nés juifs et environ 220 000 tsiganes sur le million vivant en Europe à cette époque. Pour la première fois dans l'histoire de l'Humanité, cette guerre fit plus de victimes civiles que militaires.

« Plus jamais çà ! » Cette formule retentit en France quand le 8 mai 1945 fut signé à Berlin l'acte solennel de capitulation qui mit fin à la seconde guerre mondiale. Ainsi ces années de terreur, de souffrance et de douleur prirent fin.
Cette commémoration représente pour nous un double devoir. Un devoir envers notre passé et surtout un devoir envers notre avenir et je l'affirme avec force un devoir de plus en plus inévitable dans le contexte que nous vivons aujourd'hui.
Devoir envers notre passé car cette guerre s'éloigne et ceux qui l'ont subit sont de moins en moins nombreux. Et pourtant elle sera toujours un pan de l'Histoire, un pan de notre histoire. Ces années de guerre ont montré ce que des hommes étaient capables de faire, au nom de leur nation, au nom de leur frontière, au nom de leurs convictions et parfois même au nom de rien du tout. Nous devons nous souvenir de toutes ces vies perdues et de celles qui ont continué malgré les drames, malgré la douleur, malgré tout...
Devoir envers notre avenir pour lancer chaque année à l'occasion de cette commémoration non seulement un message de vigilance pour la paix dans le monde mais aussi et surtout une vigilance quotidienne pour défendre les valeurs telles que celles du respect de l'autre, de sa différence et la tolérance.

Il est de notre devoir, au nom de notre mémoire collective de dénoncer partout dans le monde les tentatives de retour du fascime, du racisme, de l'intégrisme, du terrorisme et de toutes atteintes aux droits de l'Homme.

Sur la tombe de mes gens
Je reverrai le jardin où j'ai laissé reposer les corps des miens un beau matin
Je retrouverai aussi ces braves qui nous cachaient de la fin
Je leur chanterai qu'on s'en rappelle toujours au nom de tous les miens

Sur la tombe de mes gens
Je reverrai le chemin
Le long couloir du désespoir,
Le grand exode, le long chemin
Et au bout toujours l'animal qui a changé mon destin
L'animal qui, fatigué, m'a dit va, je laisse le plaisir au prochain

Sur la tombe de mes gens

Sur la tombe de mes gens
Je reverrai mon pays
Les mille collines et les vents chauds
Et les rues où j'ai tout appris
Je retrouverai mes vieux amours
Et ma première fois, peut-être, celle que j'aimerai toujours
Mais qui je crois, ne doit plus être

Sur la tombe de mes gens
Je me reverrai petit homme
Grand de cœur et de courage
Mais tout petit comme tous les hommes
Prendre de l'élan sans recul
Pour se défaire d'un passé trop lourd
Sans savoir que l'heure viendra
Où il faudra qu'il y retourne

Sur la tombe de mes gens

Sur la tombe de mes gens
Vais-je enfin pleurer de peine ?
Vais-je en vouloir à la terre d'avoir laisser vaincre la haine ?
Vais-je vouloir leur faire la peau à ces maudits fils de chiennes
Les grands comme les petits bourreaux
Où vais-je rester quoi qu'il advienne ?

Sur la tombe de mes gens
Sur la tombe de mes gens
Il faudra bien qu'on y retourne un jour
Sur la tombe de mes gens

Avec ces paroles du chanteur Corneille,il me semblait évident de lier la commémoration du 8 mai à celle du génocide rwandais commis entre avril et juillet 1994.
Le chanteur Corneille auteur de l'émouvant texte que je vous ai lu a passé son enfance au Rwanda. Il a 17 ans lors du génocide. Sa mère est Hutu et son père Tutsi. Un groupe armé entre dans la maison familiale, et tue ses parents ainsi que ses frères et sœurs. Corneille assiste au massacre, il survit car il s'est caché derrière un canapé. Il s'enfuit au Zaïre à des jours de marche du Rwanda et trouve refuge chez un couple allemand, ami de ses parents qui veillera sur lui et lui réapprendra à vivre malgré les souvenirs d’horreur.

20 ans, 20 années où a eu lieu le génocide le plus meurtrier et le plus rapide du monde. plus d'un millions de rwandais en majorité tutsis, Ceux qui parmi les Hutus se sont montrés solidaires des Tutsis ont été tués comme traîtres à la cause hutu, plus d'un million de rwandais furent massacrés par des soldats mais aussi par leurs voisins et parfois même leurs frères pour la seule raison d'être nés Tutsis. Est ce que cela n'a pas une résonance pour vous ? Face à ces massacres, la confiance en l'Humanité peut être ébranlée. Quel processus engendre ces horreurs ? Le même pour le génocide rwandais et la 2° guerre mondiale. La folie, la folie d'un homme mais pour de tels drames, on ne peut pas résumer cette folie à un seul homme, c'est la folie des hommes, la folie d'un groupe face à un autre groupe. Ce groupe devient une seule et même personne face à un seul et même ennemi juste un peu différent de soi et un seul objectif détruire l'autre car il est mauvais ou dangereux.
Rendez vous compte ce que des crises politiques ou religieuses ont pu engendrer à 50 ans d'intervalle. Aujourd'hui, je ne mets en lumière que ces événements-là mais vous n'avez qu'à chercher dans l'Histoire pour en trouver des tas d’autres avec le même processus. C'est à l’État, c'est à nous, citoyens, d'éviter au maximum ce processus s'insinuant dans le quotidien en particulier dans les périodes difficiles de crises. C'est à nous, êtres humains, de savoir mettre des limites à certains propos ou gestes qui peuvent sembler amusants voire futiles et qui pourtant sont porteurs de tant de haine et d'intolérance.

Pour terminer et comme je l'avais fait le 11 novembre dernier, à l'occasion de cette cérémonie, au nom du conseil municipal de M-A, je souhaite exprimer mon soulagement et mon bonheur pour la libération de Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torrès.


A la mémoire de nos résistants, à la mémoire de nos soldats de la guerre 1939-1945, à la mémoire de nos morts pour la France, à la mémoire de toutes les victimes des génocides mondiaux, à la mémoire de l'otage français Gilberto Rodriguez Leal, à la mémoire de ceux qui sont morts et meurent encore aujourd'hui sous les coups de l'intolérance, de la folie, à la mémoire de tous ceux qui se sont engagés et qui s'engagent de nos jours, je vous demande de respecter une minute de silence.