Bienvenue sur mon blog!

Élue maire depuis 2 ans le 14 mars 2010, j'ai eu envie de raconter cette aventure sur un blog.
Certains autres Maires ont leur blog alors je me suis dit: Pourquoi pas moi? Voilà, c'est fait: j'attends vos commentaires, vos impressions et tout et tout...

En effet, c'est une véritable aventure que je vis depuis 2008! Une aventure humaine incroyable et une aventure personnelle passionnante!

lundi 11 novembre 2019

Commémoration du 11 novembre

Une pupille noire entourée de blanc, le visage fatigué braqué sur un lieutenant,
L'ordre sera donné dans quelques instants : deuxième assaut de la journée et Marcel attend... Il a placé au bout de son fusil une baïonnette pour lutter contre une mitraillette de calibre 12.7. Près de sa tranchée, placés à 20 ou 30 mètres, la guerre des bouchers, nous sommes en 1917.
Tant de journées qu'il est là à voir tomber des âmes !
Tant de journées déjà passées sur le chemin des Dames !
Marcel sent que la fin a sonné au fond de sa tranchée. Ses mains se sont mises à trembler et l'odeur de la mort se fait sentir.
Il n'y aura pas de corps à corps, il sent qu'il va bientôt mourir...
Comment un homme peut-il accepter d'aller au combat ?
Et quand il sent au fond de lui qu'il ne reviendra pas, l'homme est-il un animal ?
Comme à cette époque le mal est déjà caporal, la main du lieutenant doucement vers le ciel s'est levée... La suite ? L'avenir est un long passé...

Une pupille noire entourée de blanc, le visage ciré, son regard est terrifiant,
Placé à quelques pas de là des allemands, 1944 Jean-Marc est un résistant.
Il a eu pour mission de faire sauter un chemin de fer.
Lui qui n'est pas homme d'action est devenu maître de guerre après le cyclone qui frappa sa mère et son père d'une étoile jaune, idée venue droit de l'enfer.
Tant d'années passées à prendre la fuite !
Tant de journées consacrées à lutter contre l'antisémite !
Jean-Marc sait qu'il n'a plus de recours, le câble qu'il a placé pour faire sauter le train est bien trop court, la mort se fait sentir.
Mais il n'a pas de remords, comment le définir ?
C'est la nature de l'Homme qui l'a poussé à être comme ça : Se sacrifier pour une idée, je crois qu'on ne résiste pas
Le mal est maintenant général !
De toutes les forces armées occultes de la mauvaise époque de l'Allemagne, au loin le train s'approche et l'on peut distinguer sa fumée... La suite ? L'avenir est un long passé...

Une pupille noire entourée de blanc, c'est ce que je peux voir devant la glace à présent. Je viens de me lever, il y a quelques instants. C'est difficile à dire à fond ce que je ressens. Après la nuit que j'ai passé, dur à été mon réveil. A tout ce que j'ai pu penser avant de trouver le sommeil, à toutes ces idées qui n'ont causé que des problèmes, la réalité et toutes ces images de haine.
Tant d'années passées à essayer d'oublier !
Tant de journées cumulées et doucement il s'est installé...
Je me suis posé ce matin la question : Est ce que tout recommence ? Avons-nous perdu la raison ?
Car j'ai vu le mal qui doucement s'installe sans aucune morale. Passer à la télé pour lui est devenu normal, comme à chaque fois avec un nouveau nom.
Je vous demande maintenant ce que vous en pensez ?
Comme Marcel et Jean-Marc ma vie est-elle tracée ? La suite, l'avenir est-il un long passé ?

Je vous demande ce que vous en pensez : Verrais-je un jour le mal à l'Elysée?
La France est-elle en train de s'enliser? L'avenir est-il un long passé ?
Chers vous tous,

J'ai souhaité en ce 11 novembre 2019 débuter mon discours par les paroles d'une chanson du groupe Manau écrite en 1998 et qui s'intitule L'avenir est un long passé.
En effet, après avoir célébré le 9 novembre dernier, les 30 ans de la chute du Mur de Berlin, combien de murs de la honte, symboliques ou pas, sont encore élevés et malheureusement, combien de murs de la honte sommes-nous en train de rebâtir? La peur de l'autre, la peur de l'inconnu, la peur de la contradiction font que nous érigeons des murs pour éviter le contact avec autrui. Évitons de mettre en place ces édifices sans se rappeler du passé! Eh oui, l'avenir est un long passé...

À 11 h, le 11 novembre 1918, les combats de la Première Guerre mondiale prennent fin à la suite d'un armistice avec l’Allemagne. Au cours des années 1919 et 1920, les puissances alliées signent avec les vaincus les traités de Versailles, de Saint-Germain-en-Laye, de Neuilly, du Trianon et de Sèvres mettant fin officiellement à la guerre.
Les lendemains de la Première Guerre mondiale voient des changements politiques, culturels et sociaux radicaux à travers l'Europe, l'Asie, l'Afrique, et même dans des zones qui n’avaient pas été directement impliquées. Quatre empires s’effondrent à cause de la guerre, d’anciens pays sont rayés de la carte, de nouveaux sont créés, des frontières sont redessinées, des organisations internationales sont mises sur pied, et beaucoup de nouvelles et d’anciennes idéologies s’ancrent fermement dans l'esprit des gens avec pour l'Allemagne un esprit de revanche qui s'accentuera d'année en année et qui découlera sur la deuxième guerre mondiale. Sur ces vestiges et ces ruines de grandeur, l'Allemagne va amener au pouvoir un dictateur en la personne d'Hitler. L'avenir est un long passé...

Nous connaissons tous le bilan effroyable de la première guerre Mondiale mais il est toujours bon de le rappeler car l'avenir est un long passé... 9 millions de morts, 6 millions de mutilés. La France est sortie meurtrie et ruinée de ce conflit : 1 400 000 morts, dont 600 000 victimes civiles ; 630 000 veuves et 700 000 orphelins de guerre. Plus de 32 millions de blessés, de mutilés, d'aveugles, de gazés, ceux que l'histoire a retenus sous l'appellation de " gueules cassées". Et n'oublions pas que, venant des quatre coins de l’Empire français, de l’Outre Mer, de l'Afrique Noire, de l'Afrique du Nord, de l'Indochine, de l’Océanie, des centaines de milliers d'hommes ont contribué à l'effort de victoire, pour beaucoup d’entre eux au sacrifice de leur vie. L'avenir est un long passé...

Et dire que l'armistice du 11 novembre 1918, dans la forêt de Compiègne redonnait l'espoir, l'espoir en la Paix, en une paix définitive. Cette guerre devait être et malheureusement ne sera pas « la der des ders » L'Avenir est un long passé...

Alors comme l'avenir est un long passé, souvenons nous que depuis le 11 novembre 1919, 100 après, dans presque chaque commune de France, une minute de silence clôt la commémoration, une façon de se recueillir collectivement, dans un esprit de laïcité et depuis quelques années une minute de recueillement les 11 novembre pour se souvenir des morts pour la France d'hier, d'aujourd'hui et malheureusement de demain. L'avenir est un long passé...

Pour terminer, je voudrais simplement vous rappeler les paroles de Georges Clémenceau dites à la Chambre et au Sénat après l'armistice : « J'ai dit, au nom du peuple français, au nom du Parlement, au nom du gouvernement de la République française, de la France une et indivisible, comme disaient nos pères : "Salut à l'Alsace et à la Lorraine enfin retrouvées." J'ai dit que c'était l'œuvre de nos grands morts qui nous ont fait cette admirable journée. Grâces leur soient rendues : ni eux, ni leurs familles ne seront oubliés et, si cela est en mon pouvoir, il faudra qu'un jour de commémoration soit institué en leur honneur dans la République française.
Quant aux vivants, j'ai dit que nous les attendions pour les regarder passer dans les cris, les larmes, les applaudissements enthousiastes sous l'arc triomphal et, enfin, j'ai ajouté que, par eux, la France retrouverait sa place dans le monde pour poursuivre sa course magnifique dans l'infini du progrès humain, autrefois soldat de Dieu, aujourd'hui soldat de l'humanité, toujours soldat de l'idéal. »
Parce que l'Avenir est un long passé, souvenons nous et rappelons nous qu'à l'issue de ce discours, Georges Clémenceau effectuera un minute de silence et les députés et sénateurs entonneront La Marseillaise.

Rendons hommage à toutes les victimes ô combien héroïques, de cette guerre qui ne doivent pas, les décennies passant, le monde ayant changé, les « poilus » et les témoins ayant tous disparus, devenir les oubliés de l’Histoire. Plus de 100 ans après, sachons pour ne pas reproduire les erreurs, tirer les leçons du passé afin de construire un avenir meilleur. Rappelons que le nationalisme, qu’il ne faut pas confondre avec le patriotisme, est un poison qui s'insinue lentement dans les consciences humaines et qui fait des ravages chez tous les peuples, dans toutes les nations.
Faisons en sorte que le souvenir de cette guerre de 14-18 nous aide à construire un monde de paix et de solidarité entre les peuples et entre les nations sans avoir peur de l'autre, de l'inconnu. Ne laissons pas banaliser la violence, ne laissons pas des drames arrivés dans des églises, des temples, des mosquées ou des synagogues, soyons laïcs et pour chacun, dans nos cœurs, gardons et cultivons nos valeurs, celles qui nous construisent chaque jour et sachons les mobiliser et mobiliser nos énergies communes pour imposer le seul et unique choix qui devrait être le nôtre: celui de l'Homme, celui de la Vie, celui de l'Avenir, notre avenir et celui de nos enfants.
Rappelons nous à jamais que la France est le paix de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme, qu'elle porte des valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité et de tolérance.

En souvenir de ces enfants, de ces femmes, de ces hommes, qui ont payé de leur vie, notre liberté d'aujourd'hui et de demain, je vous demande de respecter une minute de silence...