Bienvenue sur mon blog!

Élue maire depuis 2 ans le 14 mars 2010, j'ai eu envie de raconter cette aventure sur un blog.
Certains autres Maires ont leur blog alors je me suis dit: Pourquoi pas moi? Voilà, c'est fait: j'attends vos commentaires, vos impressions et tout et tout...

En effet, c'est une véritable aventure que je vis depuis 2008! Une aventure humaine incroyable et une aventure personnelle passionnante!

vendredi 8 mai 2020

Un 8 mai si particulier...

« Ce 8 mai ne ressemble pas à un 8 mai.
Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous rassembler en nombre dans les cimetières, devant les monuments de nos villages, pour nous souvenir ensemble de notre histoire.
Malgré tout, la Nation se retrouve par la pensée et les mille liens que notre mémoire commune tisse entre chacun de nous, cette étoffe des peuples, que nous agitons en ce jour dans un hommage silencieux. »

En ce 8 mai 2020, dans le contexte d'urgence sanitaire lié au Coronavirus, « c’est dans l’intimité de nos foyers, en pavoisant nos balcons et nos fenêtres, que nous convoquons cette année le souvenir glorieux de ceux qui ont risqué leur vie pour vaincre le fléau du nazisme et reconquérir notre liberté.
C’était il y a 75 ans.
Notre continent refermait grâce à eux le chapitre le plus sombre de son histoire : cinq années d’horreur, de douleur, de terreur. »
Malgré le format restreint de cette cérémonie officielle, je suis émue d'être entourée de vos élus républicains, des futurs anciens élus aux futurs nouveaux installés et je pense à ceux qui sont restés chez eux par principe de précaution.

Commémorer un 8 mai 1945 n'est pas anodin, cela doit rester un moment officiel peu importe le contexte, avec la tenue symbolique d'un jour aussi important et d'un jour qui devait ouvrir la voix de la Paix, une paix si fragile entre les peuples, entre les Hommes. C'est pourquoi, j'ai souhaité vous adresser quelques mots, quelques mots pour rappeler l'atrocité de cette deuxième guerre mondiale, plus de cinq années d'horreur au bilan dramatique : entre 50 et 80 millions de morts, plusieurs millions de blessés et des pertes civiles (35 millions) innombrables dans les bombardements, et bien sûr les victimes des génocides.

Il y a quelques années, il y a plus de 35 ans, à l'âge qu'a mon fils aujourd'hui, 7 ans, j'ai visité la Grotte de la Luire, dans le massif du Vercors avec mes grands mères. Ces dernières, charmantes jeunes femmes durant la seconde guerre mondiale, ont vécu des situations compliquées, dramatiques à cette époque, sans réellement en parler, juste avec des bribes de souvenirs quand une image leur revenait en mémoire. Ce sont ces instants-là, leurs paroles qui me reviennent en mémoire en vous parlant de la Grotte de la Luire. Ce voyage-là, cette histoire racontée m'a suivi depuis et j'ai eu eu envie aujourd'hui précisément de vous en parler dans mon discours.


Durant l'été 1944, le porche de cette grotte a brièvement servi d'hôpital de fortune pour les résistants des maquis du Vercors. Un drapeau de la croix rouge était installé à l’entrée de la grotte afin de rappeler la convention de Genève et de tempérer les troupes ennemies si l’hôpital devait être repéré. Le 27 juillet 1944, ce site est le théâtre d'une sanglante attaque lors d'un raid allemand contre le maquis du Vercors. Cette attaque se solde par le massacre de 35 maquisards blessés, des médecins, du prêtre jésuite Yves de Montcheuil, ainsi que par l'arrestation et la déportation de l'ensemble du personnel soignant féminin.

Abnégation, engagement, espoir, voici les valeurs qui caractérisent si fort les infirmières et les infirmiers, les soignants au sens large du terme. De toutes les périodes de l'Histoire, de notre histoire, on peut trouver des traces de ces valeurs du personnel soignant.
C'est par un souvenir de mon enfance que j'ai souhaité, en cette année si particulière, en ce 8 mai si bizarre relier, faire un pont entre notre Histoire si tragique de la seconde guerre mondiale et cette pandémie terrible qui nous confine depuis bientôt deux mois. Le pont ne pouvait être que ces héros du quotidien, ces soignants dans les hôpitaux, dans les EHPAD, dans les centres Covid, nos médecins de ville et de campagne, ces héros du quotidien de toute heure, de toutes les peines quand les cœurs trop essoufflés s'éteignent et de toutes les joies quand les malades guéris peuvent sortir enfin de réanimation et « libérer » comme l'on dit un lit. Merci à vous, merci à vous que certains, avant cette crise majeure, ne voyaient pas à la grandeur que vous êtes, merci à vos gestes de l'ombre qui éclairent nos vies.

En mémoire de nos morts pour la France, en mémoire de tous nos ancêtres, en mémoire de nos passeurs de lumière, en mémoire de ceux qui sont revenus sans jamais en parler et sans jamais oublier, en souvenir de ceux qui sont morts, en mémoire de nos soldats en combat au moment où je parle,
A Kevin Clément, légionnaire de 1° classe engagé au sein de l’opération Barkhane, et tombé pour la France ce lundi 4 mai 2020, lors d’un accrochage avec des terroristes dans la région de Ménaka, au Mali.
A Dmytro MARTYNYOUK, légionnaire du 1er Régiment étranger de cavalerie, engagé dans une opération contre des groupes armés terroristes et atteint par un engin explosif le 1° mai dernier.
en mémoire des peuples opprimés à travers le monde, en mémoire des victimes de l'antisémitisme, du racisme et du terrorisme en France et dans le monde entier, en mémoire aux victimes de ce satané virus,
en soutien de nos héros du quotidien, du ramasseur de nos poubelles au médecin réanimateur, de l'aide soignante dévouée au restaurateur qui offre sa marchandise restante au CHU de son territoire, en soutien aux personnes isolées dans les hôpitaux et les EHPAD, je vous demande de respecter une minute de silence.