Bienvenue sur mon blog!

Élue maire depuis 2 ans le 14 mars 2010, j'ai eu envie de raconter cette aventure sur un blog.
Certains autres Maires ont leur blog alors je me suis dit: Pourquoi pas moi? Voilà, c'est fait: j'attends vos commentaires, vos impressions et tout et tout...

En effet, c'est une véritable aventure que je vis depuis 2008! Une aventure humaine incroyable et une aventure personnelle passionnante!

mardi 11 novembre 2025

LE POUVOIR DES FLEURS... COMMEMORATION 11 NOVEMBRE 2025

Aujourd’hui, comme chaque année, nous sommes réunis dans le calme de ce lieu chargé d’histoire, devant ce monument aux morts qui veille sur la mémoire de nos aînés.
Le 11 novembre 1918, à onze heures, les canons se sont tus.
Les armes se sont enfin abaissées et après plus de quatre années d’une guerre inhumaine, le silence est enfin revenu sur les champs de bataille. Un silence lourd de deuils, de blessures,
de larmes mais aussi… d’espérance.
La guerre la plus meurtrière qu’ait connue l’Europe s’achevait, laissant derrière elle des millions de morts, de blessés, de familles détruites, de villages dévastés… et un monde à reconstruire.

Dans de très nombreuses communes, les cloches ont sonné, sans doute pas ici, à Massillargues-Atuech mais à Massillargues-Atuech comme ailleurs, les gens se sont embrassés mais beaucoup pleuraient. Ici, à Massillargues-Atuech, comme partout en France, on a pleuré des fils, des frères, des pères. On a gravé leurs noms sur la pierre, et chaque année, on les fait revivre par nos mots, par nos gestes, par notre présence.

Car ces noms, ces simples noms inscrits ici, ne sont pas des lettres gravées dans la pierre.
Ce sont des vies. Des visages. Des promesses interrompues.

Et si nous venons ici, ce n’est pas seulement pour nous souvenir — c’est aussi pour comprendre. Comprendre que la paix, la liberté et la fraternité ne sont jamais acquises.
Et depuis plus d’un siècle, nous venons, génération après génération, redire notre reconnaissance à ces hommes, ces enfants parfois, qui ont donné leur vie pour que la France demeure libre.


Mais commémorer, ce n’est pas seulement regarder en arrière.
C’est interroger le présent, comprendre ce que ces drames disent encore à nos consciences d’aujourd’hui. C’est Interroger le présent et se poser la question : qu’avons-nous appris ?
Car les racines de la guerre, de la violence, des racismes, de l’antisémitisme, du terrorisme, plongent toutes dans le même sol : celui de la peur. La peur de l’Autre. La peur de ce que l’on ne connaît pas. La peur de ce que l’on ne comprend pas. La peur de la différence, de la diversité, de l’inconnu. C’est cette peur-là qui, hier comme aujourd’hui, nourrit les idéologies du rejet, du fanatisme et de la haine.

C’est elle, cette peur qui a dressé les peuples les uns contre les autres en 1914, en 1939 comme elle a dressé des jeunes gens égarés contre leur propre pays en 2015. En effet, il y a dix ans, presque jour pour jour, la France était à nouveau plongée dans la stupeur et dans les larmes.
Le 13 novembre 2015, des hommes armés ont pris pour cible ce que nous avons de plus beau : la jeunesse, la fête, la musique, la liberté et la joie de vivre ensemble.
Au Bataclan, dans les rues de Paris, sur les terrasses des cafés, la même barbarie s’est abattue que celle qui, cent ans plus tôt, fauchait les vies dans les tranchées : celle qui nie la dignité humaine, celle qui ne supporte pas la Liberté. Dix ans déjà… Et pourtant, ces visages, ces prénoms, ces destins brisés sont encore présents dans nos mémoires.
Parce qu’ils nous rappellent, eux aussi, que la paix n’est jamais acquise.
Qu’elle se mérite, qu’elle se cultive, chaque jour, par le respect, la tolérance et la fraternité. Cent ans après la Grande Guerre, la même ombre revenait : celle de la haine.
Celle qui tue sans raison.
Celle qui nie la dignité humaine. Mais, ce soir-là aussi, la France s’est relevée.
Dans la douleur, mais debout. Unie. Et fière...

Ces deux drames — 1918 et 2015 — semblent si éloignés,et pourtant, ils nous parlent de la même chose : de la nécessité, vitale, de ne jamais laisser la peur décider à notre place. Car la paix n’est pas un état. C’est un combat, un choix, un effort permanent. Et ce combat, il commence ici. Dans nos villages. Dans nos familles. Dans nos écoles. Dans la façon dont nous parlons, dont nous écoutons, dont nous nous regardons.

C’est ici, à Massillargues-Atuech, que la fraternité prend racine. Dans un salut, un sourire, un geste de solidarité.
Il est de notre devoir, à nous, élus, citoyens, parents, enseignants, de transmettre cela.
De transmettre cette idée simple et forte : “L’Autre n’est pas une menace, il est une richesse.
Nos différences ne sont pas des murs, mais des ponts.
Et je crois profondément que c’est dans des villages comme le nôtre, dans des communes à taille humaine, que cette fraternité peut continuer de grandir.
Ici, on se connaît, on se parle, on s’engueule, on s’écoute tout de même et on essaie de se comprendre.
Et c’est cela, la République vivante : pas un mot dans un livre d’histoire, mais un visage, une main tendue, un regard bienveillant.

Permettez-moi, en ce jour si symbolique, de partager quelques paroles d’une chanson de Laurent Voulzy, écrite il y a déjà plusieurs décennies, mais dont la résonance n’a jamais été aussi actuelle : “Changer les âmes, changer les cœurs Avec des bouquets de fleurs,
La guerre au vent, l’amour devant, Grâce à des fleurs des champs.

Oui, changer les âmes et les cœurs. Voilà sans doute la mission la plus difficile, mais aussi la plus noble, que nous ayons reçue en héritage.
Et c’est à nous, aujourd’hui, de l’accomplir. Changer les âmes, changer les cœurs…
Voilà le défi de notre temps.
Voilà, peut-être, le plus beau défi de notre temps, à nous, à nos enfants et petits enfants :
refuser la peur, refuser la haine et préférer toujours le dialogue, le respect, la tendresse humaine.

C’est avec une émotion particulière que je prends la parole aujourd’hui, car il s’agit de la dernière fois que je le fais en tant que Maire lors de ce mandat.
Depuis ces années de mandat, j’ai mesuré, chaque jour, la force tranquille de notre commune, sa capacité à unir au lieu de diviser, à bâtir au lieu de détruire. Je veux vous dire, du fond du cœur, merci.
Merci pour votre présence nouvelle ou ancienne et de votre engagement à faire vivre ici les valeurs de la République : Liberté, Égalité, Fraternité. Ces mots gravés sur nos frontons ne doivent pas devenir des formules. Ils doivent rester des actes.
Car tant que nous ferons vivre ces valeurs, la paix aura un avenir.

Je l’ai souvent dit mais je le ressens profondément aujourd’hui : une commune, ce n’est pas seulement un territoire, c’est une communauté de destins.
C’est un lien vivant, tissé entre des gens différents, unis par une même volonté : celle de construire ensemble. Et en pensant à ceux de 1918, à ceux de 2015, et à tous ceux qui ont cru en un monde meilleur, faisons, ici, aujourd’hui, le serment de faire reculer la peur par l’écoute, la haine par la parole, et la violence par la solidarité.
Souvenons-nous, à chaque instant, que la paix ne se décrète pas, elle se construit ensemble — patiemment, humblement, humainement. Et qu’ici, à Massillargues-Atuech, comme dans toute la France, nous avons ce pouvoir-là : celui des fleurs, celui du cœur, celui de la fraternité.


En souvenir aux soldats tombés pour la France, en souvenir des innocents fauchés en 2015, en mémoire aux victimes des attentats en France, en Europe et dans le Monde, en souvenir des victimes de drames, de génocides d’hier et d’aujourd’hui, en mémoire à tous les Morts pour la France,
Souvenons-nous de tous ceux qui ont choisi l’amour, la fraternité, la vie parfois au détriment de la leur, je vous demande une minute de silence.


Vive la République, Vive la France, Et vive la Paix.

jeudi 8 mai 2025

 

Chers vous tous,

L’Affiche Rouge, les paroles de Louis Aragon, la musicalité de Léo Ferré et la voix d’ Arthur Toboul Feu Chatterton résonnent ce matin du 8 mai 2025 dans le cimetière de Massillargues Atuech comme elles ont résonné le 21 février 2024 lors de la panthéonisation du couple Manouchian, elles résonnent aujourd’hui pour nous recueillir, vous accueillir pour cette commémoration de la fin de la deuxième guerre mondiale au bilan dramatique et il est toujours important de le rappeler : entre 60 et 80 millions de morts, plusieurs millions de blessés, 30 millions d’Européens déplacés en raison des changements de frontières, surtout en Europe orientale. Ce conflit fut le plus coûteux en vies humaines de toute l'histoire de l'humanité. Environ 45 millions de civils sont morts et le nombre de victimes civiles est supérieur à celui des victimes militaires. Parmi les victimes, 6 millions de Juifs sont assassinés, ainsi que 220 000 tsiganes.

Le Rouge de la révolte, le rouge du communisme, le rouge de la colère, le rouge du sang et de l’horreur présent devant vous pour nous souvenir.

L’Affiche Rouge est une chanson qui nous rassemble. Un monument, un tombeau grandiose écrit par Louis Aragon et mis en musique par Léo Ferré, cette chanson déchire une atroce affiche de propagande qui résonne de manière macabre encore aujourd’hui par rapport à ce qu’on peut encore voir aux portes de l’Europe ou dans le monde dans une sphère de communication lugubre parfois.

Sur cette affiche rouge, une flèche rouge sang et des photos d’armes, de trains déraillés et de corps sans vie. Des portraits aussi, au nombre de dix et cernés par une question et sa réponse jetées aux yeux des passants: Des libérateurs? La libération par l’armée du crime! En réalité ils n’étaient pas dix mais vingt deux quand les fusils fleurirent lors d’un froid matin d’hiver le 21 février 1944. Ils étaient arméniens, espagnols, hongrois, polonais, italiens, roumains, la plupart communistes et juifs. Mais ils étaient tous français au point de se battre, de résister et de mourir pour ce pays, pour notre pays. Et c’est la peine capitale infligée par l’Allemagne nazie et Vichy qui a inspiré Louis Aragon dans ce poème l'un de ses plus bouleversants.

Ces strophes pour se souvenir «Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes ni l'orgue ni la prière aux agonisants. Onze ans déjà que cela passe vite onze ans !
Vous vous étiez servi simplement de vos armes, la mort n'éblouit pas les yeux des Partisans.
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants. L'affiche qui semblait une tache de sang Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passant...
Nul ne semblait vous voir français de préférence, Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant, Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
"

Pourquoi parler en ce jour du 8 mai 2025 de cette période?  Juste car je retrouve quelques ressemblances, la propagande, l’horreur des images et des mots, les réseaux sociaux deviennent comme des affiches où on se lâchent, où on jette en pâture l'Autre, celui que l'on pense différent, celui que l'on pense pauvre, celui que l'on pense riche, celui que l'on pense puissant, celui que l'on pense fragile, celui que l'on pense comme celui devant être rejeté, celui qui n'est en fait qu'un être humain, un frère de l'humanité... Et même aujourd'hui, dans ce monde fou, certains puissants de ce monde nous entraînent les uns contre les autres, juste parce que cela sert leur intérêt personnel.

Qu'est ce que la Guerre? Sinon cela, des personnes qui se montent la tête ou qui se laissent monter la tête... Ce n'est pas parce que l'on est juif qu'on ne peut pas pleurer un crime raciste, ce n'est pas parce que l'on est arabe que l'on peut accepter un acte antisémite, ce n'est pas parce que l'on est français que l'on peut dire n'importe quoi sur l'Autre, sur l'être humain en face de soi...

Alors, oui, il était important pour moi que ces mots empreints de douleur mais d'humanisme et d'espoir résonnent, ici, devant ce monument aux morts de Massillargues-Atuech.

Bien entendu et solennellement pour se souvenir de la deuxième guerre mondiale mais certainement aussi pour exprimer un mal être personnel et collectif sur un contexte géopolitique actuel mais aussi sur un contexte social complexe, difficile et fragile pour tous...

" Tout avait la couleur uniforme du givre À la fin février pour vos derniers moments... Et c'est alors que l'un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent, Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent, Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erivan
"

Dans ces strophes pour se souvenir, un vers attire plus particulièrement mon attention " Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand"

A titre personnel, je voudrais avoir une pensée amicale et chaleureuse à celui qui aujourd'hui n'est pas face à moi à la lecture de mon discours, à celui qui par ces mots, ces récits de militaire et d'Homme, de grand Homme, m'a parlé d'Histoire, d'entente franco allemande et du fait de ne jamais avoir un esprit de revanche sur un peuple ou un autre, celui qui m'a exprimé que chacun avions notre histoire et que nous portions chacun en nous notre histoire. Je t'embrasse Jacky...

" Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent / Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps / Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant / Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir / Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant."


Se souvenir... Crier la France en s'abattant...

Robert Birenbaum, 98 ans, est parfois présenté comme le dernier résistant, lui qui s'est engagé dès ses 16 ans. Il se souvient lors de l' entrée au Panthéon de ses compagnons de résistance : « Vous savez, pendant la guerre, tout à fait au début, dans mon quartier, qui est maintenant Stalingrad, on m'a souvent traité de sale Juif. Ma grande fierté, ça a été le jour de la Libération de Paris, quand on m'avait vu sur une barricade et que je suis rentré avec ma mitraillette sur l'épaule, ceux qui m'avaient traité alors de sale Juif m'ont applaudi dans la rue. C'est des moments inoubliables. »

Se souvenir... Crier la France en s'abattant ou juste en se souvenant...

En souvenir d'Aboubakar Cissé, si jeune trop jeune pour mourir, en souvenir de toutes les victimes des guerres mondiales et en particulier en ce jour de commémoration de la deuxième guerre mondiale, en mémoire aux victimes civiles et militaires, à ceux qui avaient fait le choix et ceux qui ont été contraints, en souvenir à ceux qui se sont battus au prix de leur vie pour les valeurs de la République, aux Morts pour la France d'ici et d'ailleurs, je vous demande de respecter une minute de silence