Chers vous tous,
En ce 11 novembre 2024, j'ai souhaité que nous arrivions devant le Monument aux Morts de Massillargues-Atuech avec cette chanson "La Promesse" de Jean-Jacques Goldman et Grégoire.
En ces temps bouleversés, rien que le titre m'a semblé devoir résonner ici et je l'espère plus loin: La Promesse "Oh vous mes compagnons, mes amis de jeunesse, quelques soient vos histoires, non n'oubliez jamais qu'un beau jour nous avions fait ensemble une promesse: S'il n'en reste qu'un nous serons ce dernier"
Au moment de commémorer la fin de la première Guerre Mondiale, cette guerre appelé eparfois Grande Guerre ou la Der des Der, triste nom quand on connaît la suite, j'ai souhaité aujourd'hui avec cette promesse vous faire redécouvrir ou découvrir certaines personnes de cette période, non pas des personnages, non pas des héros, ils ne voudraient surtout pas être appelés ainsi. Je souhaitais juste vous parler de femmes et d'hommes, de femmes et d'hommes comme il en existe tant dans tous les conflits, ces inconnus, ces quidam, ces personnes qui n'auraient jamais cru "entrer dans l'Histoire, dans la Grande Histoire mais qui, par la force des choses, par la force des événements, par l'atrocité de certains autres Hommes ont pris le parti de s'engager dans tous les sens du terme... S'engager, militer, croire en des valeurs, croire en la paix, croire en la vie à travers les peurs, à travers les morts, à travers la Mort, croire en la Vie avec un V, le V de la victoire le V de la Vie tout simplement...
"...On était quelques âmes, quelques hommes, quelques femmes rêvant de liberté. On n'était pas à vendre mais on pouvait revendre des montagnes d'amitié. Le cœur en bandoulière et les bras grands ouverts à tous les étrangers, on n'avait pas de peur. On sentait juste la chaleur qu'on savait se donner même au fin fond du désert, on aidait les plus faibles à ne jamais tomber. Même au milieu des chimères, on y croyait plus fort quand le courage manquait..."
A titre personnel et je vous prie dès à présent de m'en excuser, avant de vous présenter quelques uns de ces Hommes, je voudrais honorer la mémoire des miens. Mon grand-père Franou né le 28 mars 1915, en plein coeur de cette Guerre. Quand j'ai fait mes recherches pour ce discours, je me suis rendue compte que beaucoup de résistants de la deuxième guerre mondiale étaient nés en plein coeur de la première guerre mondiale. A l'école, les professeurs nous parlent souvent, très souvent d'esprit revanchard mais il est souvent oublié l'esprit de résistance des enfants de l'époque de 14-18. Ce n'est pas étranger au fait sans doute qu'ils aient fait de grands résistants ou maquisards, anonymes souvent mais si engagés et militants comme mon Papé... Ma grand mère Andrée, prénom éponyme mais comme je vous l'ai déjà raconté, pas par hasard quand son père repart à la guerre en septembre 1917 en disant à son épouse "Ainsi si je ne reviens pas, je serai au fond de mon coeur, que mon dernier enfant s'appellera André(e)..."
Comme mes grands parents paternels et ma grand mère maternelle Lucie, Madeleine Riffaud décédée mercredi dernier à l'âge de 100 ans, est née de parents engagés dans la première guerre mondiale, son père fut engagée volontaire, gravement blessé et a participé à une mutinerie face à ces atrocités. Engagée dès l'âge de 18 ans dans un groupe de francs-tireurs et partisans, elle sera arrêtée après avoir abattu un soldat allemand et sera torturée pendant de nombreuses semaines sans parler. Elle échappera à la déportation et combattra pour la Libération de Paris.
Et puis relatons le parcours d'Edith Cavell, infirmière britannique exceptionnelle par son parcours, son dévouement et son courage. En 1914, après avoir fondé à Bruxelles l'école belge des infirmières diplômées, Edith Cavell en crée trois autres dans le royaume belge mais un événement marque alors son destin: l'invasion de la Belgique par l'armée allemande alors qu'elle est retournée en Angleterre rendre visite à sa famille. A son retour à Bruxelles, elle découvre que son hôpital est devenu un établissement de la Croix Rouge au service des Allemands. Fin 1914, un membre de la Résistance lui demande si elle peut cacher deux soldats britanniques blessés. Elle les cache alors à l'arrière de l'hôpital et au total, elle va aider plus de 200 soldats français, anglais, canadiens et belges à échapper à l'occupant. Malheureusement, son action sera découverte. Edith Cavell est arrêtée, emprisonnée, jugée pour trahison et condamnée à mort. Refusant qu'on lui bande les yeux ou lui lie les mains, elle fait face au peloton d'execution. Le récit ou la légende indique qu'Edith se serait évanouie à la vue des fusils pointés sur elle. Elle gît à terre mais n'est pas touchée, aucun des huit soldats ne voulant être celui qui tire la balle mortelle eu égard aux actions promulguées par la victime. Un officier s'approche alors et l'abat froidement avant qu'elle ne reprenne ses esprits. A Londres, nous pouvons lire sur sa statue "Le patriotisme n'est pas assez. Je dois n'avoir aucune haine ou amertume envers qui que ce soit"
Autre femme et destin exceptionnels, celui d'Emilienne Moreau. Alors que le conflit mondial débute, elle est âgée de 16 ans et les onze mois d'occupation vont voir des malheurs familiaux s'abattre sur sa famille: son frère est tué au front, son père usé par les privations et l'inquiétude décède, Emilienne entreprend alors de s'occuper des enfants de son village. Sur la demande de l'autorité allemenade, elle crée une école dont elle devient institutrice à l'âge de 17 ans, son école compte 42 élèves. Son action courageuse et bienvaillante ira encore plus loin lors de la Grande Guerre. Elle apportera des informations sur les positions allemandes et les pièges mis en place. Lors de comabts, elle transportera les blessés dans sa maison et leur apportera les soins nécessaires. Elle lancera, entre autre, des grenades sur deux tireurs allemands embusqués afin de sauver un soldat anglais. Emilienne devient "l'Héroine de Loos-en-Gohelle et est citée à l'ordre de l'Armée par le Général Foch. Cet honneur sera très mal perçu par les Allemands et sa tête sera mise à prix fin de l'année 1915. A femme exceptionnelle, vie exceptionnelle, Emilienne sortira saine et sauve de cette Grande Guerre après avoir protégé et sauvé de très nombreux militaires. Elle continuera son métier d'institutrice la guerre achevée. Elle poursuivra alors son engagement politique au service de tous et elle s'engagera à nouveau comme résistante lors de la deuxième guerre mondiale. Le Général de Gaulle lui accordera le titre de Compagnon de la Libération symbolisant ainsi l'action sans faille d'Emilienne pour sa nation et la défense des droits des populations dont elle était très proche.
Vous allez me dire que des destins de femmes? Oui , et c'est un choix délibéré de ma part, parler des femmes, de ces femmes de l'ombre dans les conflits mondiaux. Je voudrais juste qu'on réalise aujourd'hui et peut être encore plus fort en ce jour du 11 novembre 2024, que dans chaque guerre, de par le Monde, il y a des hommes, des femmes et des enfants qui souffrent, qui meurent, qui s'engagement, qui militent au prix de leur vie, au prix de leur intégrité.
Et pour finir, je vais vous parler d'un homme, d'un Président des Etats Unis, oh non, n'ayez crainte, pas de celui dont on parle et râbache des propos irrespectueux voire orduriers... Encore que...
Je veux vous parler du Président Wilson, 28° Président des Etats Unis de 1913 à 1921. Le Président Wilson engagera son pays dans la première guerre mondiale en avril 1917 après 3 ans de neutralité et au sortir de la guerre, il oeuvrera à la réconciliation des pays européens ce qui lui vaudra le prix Nobel de la Paix en 1919. En effet, face à la reprise de la guerre sous marine à outrance et la découverte du soutien de l'Allemagne au Mexique pour une reconquête des Etats au Sud, le Congrès autorise le 6 avril 1917 à déclarer la guerre à l'Allemagne. Le Président Wilson mènera alors une double politique: faire la guerre pour instaurer une paix durable, objectif exprimé officiellement dans son discours face au Sénat
" Nous sommes entrés dans cette guerre parce que des violations du droit se sont produites qui nous touchaient au vif, et qui rendaient la vie de notre peuple impossible, à moins qu'elles ne fussent réparées, et que le monde ne fût une fois pour toutes assuré contre leur retour.
Ce que nous exigeons dans cette guerre n'est donc rien de particulier pour nous-mêmes. Ce que nous voulons, c'est que le monde devienne un lieu sûr où tous puissent vivre, un lieu possible spécialement pour toute nation éprise de la paix, comme la nôtre, pour toute nation qui désire vivre librement de sa vie propre, décider de ses propres institutions, et être sûre d'être traitée en toute justice et loyauté par les autres nations, au lieu d'être exposée à la violence et aux agressions égoïstes de jadis. Tous les peuples du monde sont en effet solidaires dans cet intérêt suprême, et en ce qui nous concerne, nous voyons très clairement qu'à moins que justice ne soit rendue aux autres, elle ne nous sera pas rendue à nous-mêmes."
Un petit tour dans cette période de 1914 à 1918, un petit tour dans cette Histoire avec un grand H, avec vous vous en doutez un peu de lumière sur ce que nous vivons aujourd'hui... Quelles sont les causes de la Guerre? Les enseignants, les professeurs d'Histoire, quotidiennement, tentent d' apporter quelques éclaircissements aux élèves devant eux et làà pour apprendre mais est ce seulement le travail des enseignants et des professeurs? Je ne le crois pas et c'est pour cela que, de ma petite place d'élue locale, Maire de Massillargues-Atuech, je tente dans chacun de mes discours de commémorations, dans chacune de mes expressions d'ouvrir l'esprit, de créer un petit espace, parfois long je le sais, mais un petit espace utile me semble t-il..., louable et tentant, à ma humble hauteur d'oeuvrer vers un nécessaire devoir de mémoire de chacun pour tous...
Oui, les instants que nous vivons aujourd'hui sont lourds à gérer, oui le contexte géopolitique mondial est anxiogène, oui les relations humaines sont difficiles mais le repli sur soi et la peur de l'Autre ne sont jamais la réponse à tous les maux...
Qu'Emilienne, Edith, Madeleine, mes aïeux, nos aïeux nous permettent de suivre un chemin plus ouvert, plus lumineux, plus inspirant et empreint des valeurs de notre République: Liberté, Egalité, Fraternité pour la défense et le respect de notre démocratie.
En souvenir de ces Femmes, de ces Hommes, en hommage aux opprimés, à ceux obligés de quitter un pays parce que la Vie n'y est plus supportable, à nos Morts pour la France sur ce Monument aux Morts de Massillargues-Atuech et d'ailleurs, je vous demande de respecter une minute de silence.