En ce 11 novembre 2022, je vous remercie d’être présent pour cette commémoration de la guerre 1914-1918 qui, depuis le 8 février 2012 est devenue une cérémonie hommage à tous les morts pour la France, quel que soit le conflit.
Je tiens ici à vous rappeler le bilan dramatique qu'a été ce traumatisme mondial: 10 millions de soldats morts, 3 millions de veuves et 6 millions d'orphelins. Les morts sont presque aussi nombreux parmi les civils.
Pour ceux qui me connaissent, vous savez mon amour des mots, de la langue française, des poèmes et des chansons et surtout de leur lien, de leur force par rapport aux événements majeurs et dramatiques de notre Histoire.
Ainsi, Georges Moustaki et Cali vous ont accueilli au pied du monument aux morts de la France de Massillargues-Atuech avec la chanson « Sans la nommer ».
Pourquoi ce texte révolutionnaire et pacifique en ce jour? Il y a quelques jours j’ai entendu cette chanson à la radio et j’ai été émue, vraiment émue. J’ai tout de suite arrêté ce que je faisais pour ne me concentrer que sur les mots.
Atteinte en plein cœur, il m'est revenue en parallèle deux textes celui de « Sans la nommer » : « Je voudrais, sans la nommer / Vous parler d'elle / Comme d'une bien-aimée, / D'une infidèle, / Une fille bien vivante / Qui se réveille / A des lendemains qui chantent / Sous le soleil. / C'est elle que l'on matraque, / Que l'on poursuit que l'on traque. / C'est elle qui se soulève, / Qui souffre et se met en grève. / C'est elle qu'on emprisonne, / Qu'on trahit qu'on abandonne, / Qui nous donne envie de vivre, / Qui donne envie de la suivre / Jusqu'au bout, jusqu'au bout. / Je voudrais, sans la nommer, / Lui rendre hommage, / Jolie fleur du mois de mai / Ou fruit sauvage, / Une plante bien plantée / Sur ses deux jambes / Et qui trame en liberté / Ou bon lui semble. / Je voudrais, sans la nommer, / Vous parler d'elle. / Bien-aimée ou mal aimée, / Elle est fidèle / Et si vous voulez / Que je vous la présente, / On l'appelle / Révolution permanente » et en parallèle les vers d'Arthur Rimbaud " C’est un trou de verdure où chante une rivière / Accrochant follement aux herbes des haillons / D’argent ; où le soleil, de la montagne fière / Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons... / Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, / Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, / Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, / Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. / Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme / Sourirait un enfant malade, il fait un somme : / Nature, berce-le chaudement : il a froid. / Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; / Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, / Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. »
A l'approche de cette date de commémoration , je me suis mise à rechercher les événements ayant engendré cette terrible guerre et les conséquences de ce conflit mondial, de cette "Der des Der" soi disant !
La révolution et la guerre, deux thèmes, deux sujets que nous pourrions dire si éloignés. Mais après tout, est ce que la guerre n'engendre pas la révolution et est ce qu'une révolution n'engendre pas parfois la guerre? Terribles questionnements et pourtant si réels, si concrets dans le contexte que nous vivons aujourd'hui, ici, en Europe et dans le Monde.
Est ce que les commémorations que nous célébrons en France ne devraient pas être l'occasion de réfléchir au passé pour appréhender notre présent et surtout apaiser notre avenir...? Je le crois si fort et encore plus aujourd'hui avec les actes de Vladimir Poutine, l'accession au pouvoir de Georgia Méloni, le retour des frasques de Donald Trump,...
«La
guerre est le plus beau cadeau fait à la révolution.» Parole
cynique et prophétique. Lénine voyait clair lorsqu’il prononça
ses mots, en 1914 : la révolution de Février a emporté le tsar.
Les nouveaux maîtres du pays ont poursuivi le combat et c’est leur
erreur. En effet, le peuple est las et les bolcheviks l’ont
compris. Ils favorisent un nouveau soulèvement. Octobre sera
rouge.
Une paix sans annexion ni indemnités, voilà ce
qu’espèrent les Russes ; mais ils sont bien les seuls. Les
Allemands occupent un large territoire, et ils comptent en profiter.
Au front, les soldats n’obéissent plus aux officiers. Ils
ont même formé des comités et fraternisent avec l’ennemi. Les
déserteurs sont légion. Kerenski, l’homme fort du régime, part
en tournée et exhorte les troupes à reprendre leurs fusils.
L’offensive tourne au fiasco. Les chefs bolcheviks sont divisés.
Lénine prêche une nouvelle révolution et l’emporte avec le
soutien de Trotski. Brillant orateur, celui-ci électrice ouvriers et
soldats. La lutte s’engage avec Kerenski. Lénine doit s’enfuir,
mais Kerenski est assis sur un baril de poudre. Des généraux se
rebellent, et marchent sur la capitale. Les milices bolcheviks sont
réarmées et sauvent Pétrograd. Le combat est évité.
Dans
la foulée, les Bolcheviks gagneront les élections.Le soviet de
Pétrograd est à eux. Ils vont plus loin. C’est la révolution,
sans coup de feu, ou presque. Quelques morts sont dénombrés. Les
soldats réclament l’armistice. « Quand la terre appartiendra aux
paysans, et les usines aux travailleurs, nous saurons que nous aurons
quelque chose à défendre…» clame l’un d’entre eux. Russes et
Allemands signeront la paix en mars 1918.
Guerre et révolution ? Révolution et guerre ? Et aujourd'hui, que dire de ses femmes iraniennes qui s'élèvent chaque jour, à chaque acte, à chaque mèche de cheveux? Que leur dire, que leur crier face à leur révolution quotidienne? Chapeau Bas mesdames Grandes Dames...
Alors, oui, chacun à notre place, chacun avec notre histoire, avec nos valeurs, ne devons nous pas mener notre propre révolution pacifique et permanente comme l'a clamé Georges Moustaki dans cette chanson "Sans la nommer", révolution permanente qui a été le fil conducteur de l’œuvre de ce grand poète.
Alors oui, avec respect de l'Autre, mettons en route cette révolution permanente pour éviter les atrocités et des drames !
Élevons nous contre des actes inhumains tels que ceux des derniers jours avec l'Ocean Viking"!
N'acceptons pas des propos racistes, xénophobes ou antisémites prononcés dans des services publics, dans des stades, dans des manifestations et le summum de tout, dans une chambre du Parlement telle que l'Assemblée Nationale!
En mémoire d'Adrien QUELIN, 29 ans, Maréchal des Logis-Chef du 4° Régiment de Chasseurs décédé le 12/10/2021 au Mali, mort pour la France
En mémoire d'Alexandre MARTIN, 24 ans, Brigadier Chef du 54° Régiment d'Artillerie décédé le 22/01/2022 au Mali, mort pour la France
En mémoire de nos morts pour la France à Massillargues-Atuech particulièrement et dans le pays généralement, en mémoire des civils victimes et épargnés de la première guerre mondiale et de tous les autres conflits, je vous demande de respecter une minute de silence.
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