Chers vous tous,
En ce 8 mai 2022, 2 mois et demi après le début de la guerre en Ukraine, déclenché par un fou dont je ne citerai pas le nom aujourd'hui, il est déjà trop cité par ailleurs, j'ai souhaité débuter cette commémoration avec la chanson « Shcho Ty Sobi Dumaiesh » du groupe Dakh Daughters. Dakh Daughters est un groupe féminin formé en 2012 à Kiev très réputé en Ukraine. Les filles de Dakh est un collectif qui fait partie du théâtre underground de Dakh, d’où vient leur nom.
Sept voix de femmes engagées qui mélangent les mélodies traditionnelles ukrainiennes et la musique actuelle, dans une authentique ambiance cabaret.
Contrebasse, violoncelle, piano, maracas, guitare, violon, batterie, xylophone, accordéon, harmonica, tambourin; le groupe joue jusqu’à 15 instruments et chante dans plusieurs langues: anglais, français, russe, allemand et dialectes ukrainiens.
Cette chanson extraite de l’album Air des Dakh Daughters, sorti en 2019, est lourde de sens dans le contexte actuel et je ne vais vous en délivrer que quelques mots qui j'espère resteront dans vos esprits longtemps et que vous partagerez au gré de vos rencontres avec l'Autre...
«On respire le même air, on est vivant, on devrait ressentir le rythme de l’amour »
Récemment, une des artistes Ruslana Khazipova réfugiée, à Liev après avoir fui Kiev, dans une interview aux Inrockuptibles, interrompue par le son des sirènes et des bombardements confiait .
“On résiste toutes, comme on peut, avec humour. C’est l’une de nos armes” mais “Nous ne pouvons pas lutter sans votre aide”
8 mai 1945, 8 mai 2022 : 77 années nous séparent. Période si lointaine et pourtant si proche depuis le 24 février dernier quand la Russie d'un dictateur a attaqué l'Ukraine. Conflit si loin et si proche, aux portes de l'Europe, de cette Europe si décriée par certains, bien entendu pas parfaite, à retravailler tous ensemble mais si précieuse quand même...
Dans les livres d'Histoire, il est courant de lire que l'année 1942 marque un tournant décisif dans le déroulement de la Seconde Guerre mondiale. Avec l’entrée en guerre de l’Union Soviétique, des États-Unis, du Japon en 1941, le conflit est désormais mondial. Les offensives de l’Axe sont stoppées, mais l’issue des combats reste encore bien incertaine. Dans le même temps, cette année 1942 est celle de la mise en œuvre de la « solution finale de la question juive », entendue comme l’éradication des Juifs d’Europe. Au cours de cette seule année, plus de deux millions et demi de Juifs d’Europe sont assassinés.
Souvent, peut être trop souvent et depuis le deuxième tour des élections présidentielles, je me dis qu'au final non, pas si souvent, je vous rappelle qu'Hitler est devenu chancelier démocratiquement. Dernièrement, un choix était à faire dans l'urne. Ne nous trompons pas de figure, certains peuvent aimer les chats et jeter l'Autre dehors parce qu'il n'a pas la même couleur de peau ou la même nationalité. Par ma fonction d'élue régionale, couleurs que j'ai souhaité arborer ce matin avec les couleurs tricolores, je croise certains élus démocratiquement par des électeurs en demande de réponse, certains élus démocratiquement qui ne votent par exemple que des aides à la construction de logements sociaux dans des communes gérées par des équipes municipales amies ou encore certains élus qui sont fiers de voter contre une subvention à SOS Méditerranée pour l'achat de canots de survie ! Alors, oui, il y a parfois des instants, tournants de l'Histoire où chacun doit prendre ses responsabilités et parler ouvertement et aujourd'hui, en ce 8 mai 2022, je voulais prendre les miennes.
Parce que ma responsabilité et mon engagement d'élue républicaine est aussi de vous remémorer le passé, comme nos anciens ont pu le faire, comme mon Papé, mon Coco adoré a pu me l'insuffler, je vais vous parler de Jeanine Messerli Morisse dite Niquou, figure toulousaine de la Résistance décédée dans l'anonymat à l'âge de 100 ans le 11 septembre dernier. Jeanine Messerli, est née en 1921 à Auch. Elle devient résistante très tôt, le 18 juin 1940, jour de l’appel du général de Gaulle, sous le nom de "Niquou". Devenue membre du réseau Prunus, la jeune femme devient alors agent de liaison entre le lieutenant anglais Marcus Bloom, un opérateur radio, et son chef de réseau. Sa première mission consiste à apporter un poste émetteur caché dans une valise au lieutenant Marcus Bloom. Malheureusement, elle est lâchement dénoncée en 1943. Elle est forcée à se cacher successivement dans plusieurs petits villages du Gers, jusqu’à son arrestation par la Gestapo. Niquou est alors emprisonnée dans la prison de Furgole à Toulouse puis conduite dans la prison de Fresnes le 28 mai 1943. Le 31 janvier 1944, elle part en train depuis la gare de l'Est pour être déportée. Après un voyage dans un wagon à bestiaux, dans des conditions que je vous laisse imaginer, elle arrive le 3 février 1944 au camp de Ravensbrück, elle a 22 ans et devient le matricule 15100. Elle en sera libérée fin avril 1945 par l'armée Russe. Pendant de nombreuses années, Jeanine Messerli n'a eu de cesse que d'apporter son témoignage. Elle s'est adressée en particulier aux élèves dans de nombreux établissements scolaires. En 2008, dans son livre «Là d’où je viens», elle écrira notamment : «Je ne pourrais jamais dire ce qui se passa en nous en franchissant cette porte, cette voûte. Nous avions l'impression de vivre un cauchemar, de laisser le monde des humains pour entrer dans un monde de terreur»
Et puis, permettez moi de vous parler aussi de Roger Mazet, dernier Résistant du Maquis d'Ols et ancien parachutiste décédé à 95 ans en décembre dernier.
A 16 ans il s'engage auprès du commandant Marc dans la Résistance, pour combattre les fascistes et les nazis, pour que notre pays la France puisse redevenir libre. Avec le maquis d'Ols, il participe aux combats de Carmaux. Puis, en septembre 1944, il s'engage comme volontaire jusqu'au 8 mai 1945. Il traverse le Rhin avec le premier Bataillon de l'Aveyron, faisant partie de la 1re Armée française de De Lattre de Tassigny, il a traversé un camp de concentration vide en Allemagne, une horreur sans nom dont il n'a jamais réussi à parler.
Après la guerre, il s'est ré engagé pour 18 mois chez les parachutistes, parti en mission en Afrique du Nord, puis direction Madagascar. Il termine sa carrière militaire en mai 1948. Il obtient plusieurs distinctions, dont la Croix du combattant et la Croix de guerre, ainsi qu'une citation à Madagascar pour avoir refoulé une contre-offensive ennemie et dernièrement, la médaille de reconnaissance de la Nation.
Revenu à Decazeville, il fonde sa famille et vit de ses passions, la pêche à la truite et le rugby sans jamais oublier ses compagnons de route qui ont été tués au combat. C'est la première commémoration aujourd'hui où il ne sera pas aux côté de son fils, son devoir était d'être toujours présent pour se souvenir et pour souvenir aux autres. A la fin de sa vie, il répétait souvent "je n'ai pas peur de mourir, la mort je l'ai vu de près trop souvent".
Une femme, un homme, pour se souvenir de ces horreurs. Une femme, un homme, comme vous, comme moi, des citoyens qui n'aspiraient qu'à la liberté, qu'à la vie et qui, un jour se sont engagés pour leur pays. Pour eux, pour les dizaines de millions de morts, de blessés et de pertes civiles innombrables dans les bombardements, pour les victimes des génocides, n'oublions jamais !
Pour terminer, je veux juste partager avec vous ces mots du poème « j'y suis pour rien » de Gauvain Sers. Au final, chacun de notre place, y sommes nous vraiment pour rien ?...
En soutien au peuple Ukrainien, en défense de leur liberté, terré dans des caves dans des villes bombardées et pour certaines détruites entièrement,
En soutien à tous les citoyens d'Europe, à toutes les victimes de propos racistes, antisémites, xénophobes,
En souvenir de Jeanine Messerli et Roger Mazet et de tous leurs compagnons de route,
En mémoire à tous nos résistants, en mémoire aux soldats de la guerre 1939-1945, en mémoire aux victimes des attentats, en mémoire et soutien aux victimes des régimes totalitaires, fascistes et inhumains, en mémoire à ceux qui se sont engagés et qui s'engagent de nos jours, en mémoire à ceux qui sont morts et meurent encore aujourd'hui sous les coups de l'intolérance et de la folie, je vous demande de respecter une minute de silence.
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