« Je suis un
village, comme quelques autres en France... Bien avant les
pansements, je n'avais que des paysans. J'en ai vu qui butinaient,
flânaient ou glanaient des pelletés de mirabelles vers la fin de
l'été. Je crois que l'unique chose qui a changé ma vie fut
l'arrivée des taxis. Ils sont plein selon les regroupements. Il y a
les gueules cassés et pour les blessés prothèses et pansements.
Face à face ils se font front dans les tranchés. Avant tout ce
manège, j'étais un village enchanté !
On ne me croit pas, ça semble irréel et pourtant avant tout ce manège j'étais un village enchanté. Les seuls témoins sont les mirabelles d'avant tout ce manège.
Ils se sont préparés pour la bataille et dans l'artère principale c'est la pagaille ! Ils portent des uniformes bleus rouges voyants avec montre à gousset, couvre-chef flamboyant. La grosse Bertha fait face au Crapouillot. Le flot de feu est continu, soutenu par les artiflots. Comme à Valmy nous répétait l’académie, une bataille, des acclamations et c'est l'accalmie !
Les murs ont des oreilles, c'est la fête au village, le théâtre aux armées nous fait découvrir le jazz. Il y a des fanions, des litrons, du tapage et cette odeur maudite... Le vent nous ramène les gaz !
Il y a de la joie, des pleurs, des fleurs et... la peur : tout à l'heure on a fusillé un déserteur. Il avait juste ce poème dans sa vareuse... Adieu, Meuse endormeuse ! »
On ne me croit pas, ça semble irréel et pourtant avant tout ce manège j'étais un village enchanté. Les seuls témoins sont les mirabelles d'avant tout ce manège.
Ils se sont préparés pour la bataille et dans l'artère principale c'est la pagaille ! Ils portent des uniformes bleus rouges voyants avec montre à gousset, couvre-chef flamboyant. La grosse Bertha fait face au Crapouillot. Le flot de feu est continu, soutenu par les artiflots. Comme à Valmy nous répétait l’académie, une bataille, des acclamations et c'est l'accalmie !
Les murs ont des oreilles, c'est la fête au village, le théâtre aux armées nous fait découvrir le jazz. Il y a des fanions, des litrons, du tapage et cette odeur maudite... Le vent nous ramène les gaz !
Il y a de la joie, des pleurs, des fleurs et... la peur : tout à l'heure on a fusillé un déserteur. Il avait juste ce poème dans sa vareuse... Adieu, Meuse endormeuse ! »
Chers vous tous,
J'ai souhaité débuter
mon discours de ce 11 novembre par les paroles de la chanson « Les
mirabelles » de Mc Solaar. Ce texte parle de la première
guerre mondiale et pour moi qui, régulièrement, vous parle de
transmission et de devoir de mémoire, ces mots posés sur le papier,
pesés, choisis précisément ont une résonance moderne sur cet
événement dramatique et reprennent bien ces valeurs de transmission
et de devoir de mémoire. J'ose espérer que les jeunes qui
écouteront le grand artiste qu'est Mc Solaar pourront ainsi,
réfléchir, analyser, tenter de comprendre cette période peut être
en allant chercher de l'aide ou des explications. C'est cela le poids
des textes, le poids des mots et l'importance de la culture dans sa
diversité.
A la veille du centenaire
de la commémoration du 11 novembre 1918, il est important
aujourd'hui de se pencher sur l'année 1917. En effet, cette première
guerre mondiale est un conflit meurtrier sans nom et l'année 1917
sera l'année la plus terrible de la Grande Guerre.
Depuis la fin de 1914, la
guerre a pris une tournure qu’aucun gouvernement n’aurait imaginé
aux premiers jours du conflit. Une nouvelle vie s’installe pour les
soldats, obligés de vivre entre une mort hasardeuse à l’assaut ou
au détour d’une tranchée et dans un univers d’acier et de boue.
S’ajoutent encore la médiocrité de la nourriture et la rareté
des permissions ce qui accentue la morosité générale. Au printemps
1917 cette morosité passe subitement au refus catégorique d’aller
à l’assaut : la désobéissance gagne rapidement les deux tiers
des divisions françaises et certains soldats tentent même d’aller
à Paris rencontrer les députés pour les informer de leur sort.
Les soldats français ne refusent pas la guerre mais un certain type de guerre : une guerre inutilement sanglante, un assaut dont on sait à l'avance qu'il ne mènera à aucune possession supplémentaire. A cette première revendication, s’ajoute la volonté de voir s'améliorer leurs conditions d’hygiène et de bénéficier de permissions plus nombreuses. A long terme, ces mutineries auraient pu être néfastes si quelques officiers n’avaient pas compris la situation inédite que cette nouvelle guerre engendre.
Les soldats français ne refusent pas la guerre mais un certain type de guerre : une guerre inutilement sanglante, un assaut dont on sait à l'avance qu'il ne mènera à aucune possession supplémentaire. A cette première revendication, s’ajoute la volonté de voir s'améliorer leurs conditions d’hygiène et de bénéficier de permissions plus nombreuses. A long terme, ces mutineries auraient pu être néfastes si quelques officiers n’avaient pas compris la situation inédite que cette nouvelle guerre engendre.
L'année 1917 est aussi
celle d'une crise politique russe. Si l’on donnait à la Russie le
surnom de " colosse aux pieds d’argiles ", c’est bien
pour souligner à la fois la force de son armée en nombre et la
faiblesse de celle-ci et de la société Russe encore archaïque dans
son équipement général. La Russie ne peut pas soutenir une guerre
contre un ennemi plus fort, mieux équipé et mieux organisé. Les
défaites se succédant, la lassitude et le désespoir gagnent
l’ensemble de la population. Au début de l’année 1917, la
Russie est épuisée, les désertions se multiplient et les villes
connaissent des troubles d’approvisionnement qui rendent la
situation explosive. En mars 1917, une première révolution éclate.
Elle porte au pouvoir la bourgeoisie libérale qui entend continuer
la guerre alors que les soviets, de plus en plus influents, exigent
la paix. Mais la Russie n’est plus une force d’attaque et les
Alliés craignent une intensification de l’effort allemand à
l’ouest. En octobre 1917, Lénine et Trotski organisent une seconde
révolution ; les bolcheviks prennent le pouvoir et, le nouveau
régime n'étant pas en situation de continuer la guerre, lancent des
pourparlers de paix avec les Empires centraux.
En 1917, l’entrée en
guerre des États-Unis engendre de grands avantages pour les alliés.
Les échanges commerciaux et financiers se multiplient, la mise en
place de 35 torpilleurs permet de combattre la guerre sous-marine et
instaure une sécurité maritime. L'année 1917, par les événements
qu'elle contient, est le tournant de la guerre.
Une guerre avec un bilan
humain terrible pour le monde entier : 12 millions de morts et
la France quant à elle déplore 1 400 000 morts , 740 000
invalides, 3 000 000 de blessés, des centaines de milliers de veuves
et d'orphelins.
Lors du premier conflit
mondial, alors que les frontières nationales s’effacent et que
s’installe le front, plus de 12 millions d'Européens se trouvent à
un moment donné amenés à fuir la guerre, à devenir des «
réfugiés ».
Ceux qui quittent la zone
des combats, les évacués par les autorités militaires, les
internés, les rapatriés en France non occupée, au-delà
d’itinéraires très divers, ont en commun des départs plus ou
moins forcés et un exil durable. En 1918, en France, ce sont encore
2 millions de réfugiés, essentiellement originaires du Nord et de
l’Est, qui vivent loin de chez eux.
En 1914-1918, le déplacé
de guerre devient un acteur central de ce conflit d’un genre
nouveau et est un enjeu pour tous les belligérants qui doivent
organiser, orienter et contrôler ces mouvements de population.
Suivre ces chemins de
civils en guerre sur le front ouest nous invite à redécouvrir
combien la Première Guerre mondiale a bouleversé les horizons des
populations européennes.
Il me semblait important
aujourd'hui de préciser cela et de rappeler que les guerres dans
l'histoire ont malheureusement engendré des déplacements de civils.
Dernièrement, j'écoutais le rappeur Damso qui a fui avec sa famille
la République démocratique du Congo à cause du conflit armé les
menaçant. Il répondait à un journaliste qui lui posait la question
de la difficulté de certains pays à accueillir les réfugiés et il
répondait ainsi : « Quand il y a la guerre, il faut
savoir que ce n'est pas évident. Quand on quitte un pays, c'est pas
parce qu'on n'aime plus le nôtre, c'est juste parce qu'on ne peut
plus y vivre. Le jour où il y aura, j'espère que çà n'existera
jamais mais s'il y a une guerre, les gens comprendront la notion de
réfugiés. »
Le devoir de mémoire est
là, nous ne devons pas avoir besoin d'une nouvelle guerre pour
comprendre certains notions comme celles des réfugiés. Les guerres
ont trop faits de dégâts pour ne pas en tirer les leçons et ne pas
reproduire ces situations tragiques !
Aujourd'hui,
en ce 11 novembre 2017, rappelons-nous combien il est important de
nous souvenir. Cela sert à rappeler à chacun, aux plus jeunes en
particulier, toute l'horreur de la guerre. Dans une guerre, au fond,
il n'y a que des perdants.
Soyons
conscients de la fragilité de notre société qui n'est jamais à
l'abri d'un possible retour de la barbarie qui aujourd'hui prend la
forme du racisme, de l'antisémitisme, de l'exclusion et du rejet de
l'autre au prétexte qu'il est différent de nous.
L'actualité
nous rappelle chaque jour, avec ses images tragiques, combien les
armes, les conflits, les guerres n'ont jamais cessé de résonner,
partout dans le monde.
En
mémoire à ces citoyens libres et qui se sont battus pour rester
libres, en mémoire à tous ces poilus, en mémoire aux fusillés
pour l'exemple, en mémoire à tous les civils pris dans des conflits
qui les dépassent, en mémoire aux soldats dans le Monde, en Europe
et en France protégeant au quotidien nos libertés, en mémoire aux
victimes de ces trop nombreux attentats partout dans le Monde,
commémorons aujourd'hui, ensemble, la fin de la première guerre
mondiale soi disante la Der des Ders, célébrons le retour de la
Paix, protégeons par notre souvenir cette Paix et rendons hommage à
tous les combattants morts pour la France.
Je
vous demande de respecter une minute de silence