Chers vous tous,
Une nouvelle fois se réunir dans des
circonstances aussi dramatiques est terrible pour le conseil
municipal de Massillargues-Atuech et moi-même. Il était de notre
devoir, de notre souffrance, de notre anéantissement de vous réunir,
de nous réunir pour un temps de partage et de recueillement.
Une nouvelle fois, l’horreur a
frappé, l'horreur a pris les traits d'un camion blanc comme si nous
préférions avoir pour assassin un bien matériel plutôt qu'un
homme. Et pourtant, on peut lui donner tous les noms que l'on
souhaite, tous les noms que l'on éructe, tous les noms que l'on
abjecte, tous les noms que l'on souhaite oublier, c'était un homme
qui conduisait ce camion blanc, un homme emporté dans une folie
pleine de sang et d'horreur mais un homme et c'est cela qui fait
peur.
Alors, je pourrais vous dire
aujourd'hui comme précédemment que c'est en continuant à vivre
qu'on déjouera leurs horreurs, les horreurs de tous ces hommes de
folie qui n'ont dans leur bouche et leurs gestes soi disant qu'un
dieu ou qu'un prophète. Mais ne nous trompons pas, jamais aucun
dieu, jamais aucun prophète, n'a ordonné de tels gestes d'horreur
et ceux qui le disent ne sont que des menteurs, des barbares et des
monstres!
Alors oui je pourrais vous dire que
c'est en continuant à vivre qu'on déjouera leurs horreurs, j'ai
envie de le croire mais aujourd'hui, j'ai aussi envie de vous dire
que j'ai peur comme vous avez, vous aussi peut être peur. Oui, j'ai
peur, j'ai peur de vivre en état d'urgence permanent, j'ai peur des
grands rassemblements, j'ai peur pour mes enfants, pour ma famille,
pour mes amis à Paris, à Marseille, à Montpellier et même
ailleurs, j'ai peur, j'ai peur de me méfier alors qu'il y a plus
d'un an et demi, je ne me serais jamais méfié. Alors oui, comme
vous peut être, j'ai peur mais j'ai aussi l'espoir que tous
ensemble, par les valeurs qui sont les nôtres, on arrivera à
combattre cette horreur et ceux qui ont fait une horreur et un drame
d'un feu d'artifice.
C'est pourquoi j'ai souhaité pour
conclure ce discours vous lire les paroles de la chanson de Calogero
« Les feux d'artifices »
J'étais hissé sur des épaules
sous ces galaxies gigantesques, je rêvais en tendant les paumes de
pouvoir les effleurer presque. Ça explosait en fleurs superbes en
arabesques sidérales pour faire des bouquets d'univers... Et moi, je
voulais cueillir ces étoiles
On allait aux feux d'artifice voir
ces étoiles de pas longtemps qui naissent, qui brillent et puis qui
glissent en retombant vers l'océan et ça fait des étoiles de mer
et ça met dans les yeux des enfants des constellations éphémères
et on s'en souvient quand on est grand.
Dans le ciel vibrant de musique, je
voyais naître des planètes , jaillir des lumières fantastiques et
tomber des pluies de comètes. Je m'imaginais amiral regardant voler
mes flottilles, j'ai fait des rêves admirables sous ces fusées de
pacotille.
On allait aux feux d'artifice voir
ces étoiles de pas longtemps qui naissent, qui brillent et puis qui
glissent en retombant vers l'océan et ça fait des étoiles de mer
et ça met dans les yeux des enfants des constellations éphémères
et on s'en souvient quand on est grand.
Puis sous les cieux incandescents
quelqu'un refaisait mes lacets je voyais des adolescents au loin,
là-bas, qui s'enlaçaient. Ça laissait dans mes yeux longtemps des
traînées de rose et de vert, je voyais dans mon lit d'enfant des
univers sur mes paupières.
Nous sommes comme les feux
d'artifice, vu qu'on est là pour pas longtemps faisons en sorte,
tant qu'on existe de briller dans les yeux des gens et de leur offrir
de la lumière comme un météore en passant... Car, même si tout
est éphémère, on s'en souvient pendant longtemps.
Alors, oui, comme vous peut être, j'ai
peur mais comme le dit Calogero, j'ai envie aussi « de faire en
sorte, tant qu'on existe de briller dans les yeux des gens et de leur
offrir de la lumière comme un météore en passant car même si tout
est éphémère, on s'en souvient pendant longtemps »
En hommage aux 84 lumières qui se sont
éteintes le 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais à Nice, en
hommage aux personnes se battant pour la lumière, se battant pour la
vie, par respect et remerciements éternels au personnel soignant,
aux pompiers, aux gendarmes, aux policiers, aux différents experts
sur les lieux du drame, aux forces de l'ordre en général, aux
citoyens ayant ouvert tout simplement leurs portes le soir de
l'horreur, je vous demande de respecter une minute de silence.
Liberté, Égalité, Fraternité, Vive
la Paix, vive la République, vive la France !
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