Bienvenue sur mon blog!

Élue maire depuis 2 ans le 14 mars 2010, j'ai eu envie de raconter cette aventure sur un blog.
Certains autres Maires ont leur blog alors je me suis dit: Pourquoi pas moi? Voilà, c'est fait: j'attends vos commentaires, vos impressions et tout et tout...

En effet, c'est une véritable aventure que je vis depuis 2008! Une aventure humaine incroyable et une aventure personnelle passionnante!

vendredi 11 novembre 2016

Commémoration du 11 novembre 2016... Mon discours...

Extrait d'un carnet de bord de la Grande Guerre
Samedi 11 novembre 1916
Au nord de la Somme, nous nous sommes emparés de plusieurs éléments de tranchées ennemies au nord-est de Lesboeufs et dans la région de Saillisel. Une contre-attaque ennemie dirigée sur ce dernier point, a été aisément repoussée. Nous avons fait des prisonniers. Au sud de la Somme, bombardement continu des secteurs de Pressoir et d'Ablaincourt. Sur la rive droite de la Meuse, grande activité des deux artilleries entre les carrières d'Haudromont et Damloup. En Orient, de nouvelles attaques bulgares ont échoué sur les positions serbes, dans la boucle de la Cerna. Les avions anglais ont bombardé les gares de Porna et de Pulgovo. Sur le front du Carso, les Italiens ont avancé en faisant des prisonniers. Les Roumains ont livré de violents combats dans la vallée de la Prahova. Action d'artillerie dans la région de Dragoslovele. La bataille continue sur l'Olt. En Dobroudja, les Russes sont arrivés à proximité de Cernavodo, ayant gagné 60 kilomètres en cinq jours. Dans la région de Dorna-Vatra (vallée de la Dysterse), ils ont dû évacuer quelques collines qu'ils avaient précédemment occupées.
Samedi 11 novembre 1916 : M. Wilson est réélu président des Etats-Unis.

Samedi 11 novembre 1916- Vendredi 11 novembre 2016 : 100 ans ! Cela semble si loin et pourtant 100 ans, c'était hier à l'échelle de l'Histoire avec un grand H.
Le hasard fait quand même étrangement les événements. Samedi 11 novembre 1916, au milieu de l'atrocité de cette Grande Guerre qui devait être la Der des Der, Thomas Wilson, 28° Président des États Unis est réélu pour son deuxième mandat. Alors, certains peuvent s'étonner que je parle de ce 28° Président des États Unis ainsi dans un discours. Or, aujourd'hui, dans le contexte mondial que nous vivons, il était nécessaire pour moi d'être dans le devoir de mémoire et d'indiquer ce qu'avait fait Thomas Wilson.

Thomas Wilson, Président des États Unis lors de la Première Guerre Mondiale, pacifiste a souhaité que les États-Unis restent neutres dans la guerre entre l’Allemagne et les autres puissances européennes Cependant, trois ans après le début du conflit, les États-Unis interviennent massivement dans la guerre. La mobilisation de l'économie et de l'industrie est totale et les volontaires s'engagent pour rejoindre les conscrits dans l'armée. Le bilan humain sera terrible pour ce pays.
En janvier 1918, le Président Wilson prononce un discours au Congrès donnant la liste des 14 points nécessaires à l’obtention de la paix. Ce discours prononcé au nom du droit des peuples à disposer d'eux mêmes réclame notamment la création d'une Société des Nations. Les autres points serviront de base au traité de Versailles de 1919. Le 11 novembre 1918, après la signature de l'Armistice, le gouvernement allemand accepte d’ouvrir les négociations de paix à partir des « 14 points » développés par le président Wilson. En décembre 1918, Wilson embarque pour la France afin d’assister à la Conférence de paix de Paris où il présentera la Charte de la Société des Nations. C'est la première fois qu'un président américain en exercice se rend dans un pays étranger durant son mandat. En 1919, Wilson va parcourir les États Unis pour défendre le Traité de Versailles et son idée de Société des Nations mais il sera incapable de les faire ratifier. Malade, il n'aura pas la force de continuer. En 1920, Wilson reçoit le Prix Nobel de la paix pour son action pendant la Première Guerre mondiale alors que sa popularité est pourtant au plus bas.
Le devoir de mémoire c'est se rappeler les événements positifs mais aussi négatifs donc je ne ferai pas abstraction du fait que Wilson est à l'origine de l'illégalité du Parti Communiste mais aussi qu'il possédait une idéologie ségrégationniste. A contrario, en 1916, il désigne à la Cour suprême des États-Unis (les juges sont nommés à vie), un juge appartenant à la minorité juive et il met en place le droit des femmes.
Les principes wilsoniens peuvent être résumés en trois termes : autodétermination des peuples, liberté et paix.
Vous devez vous demander pour quelle raison j'insiste aujourd'hui si fort sur le Président Wilson. En fait, quelque jours après l'élection présidentielle aux États Unis et son résultat complètement déroutant, j'avais besoin de parler d'un Président qui, dans une guerre terrible et meurtrière a toujours tenté d'être le médiateur voire le modérateur, d'un Président qui a toujours espéré modifier radicalement l'ordre mondial, promouvoir les démocraties et la paix.
L'histoire est complexe, elle restera complexe parce qu'elle touche à l'humain. Pour que l'histoire ne soit pas qu'une résurrection comme disait Michelet, ayons à l'esprit ces leçons du passé, ces parcours glorieux et exemplaires qui, dans l'épreuve, n'ont jamais flanché.
Comme le disait Jean Jaurès, « maintenir la tradition, c'est garder la flamme, non les cendres ». En France et plus particulièrement ici, à Massillargues-Atuech, nous devons travailler ensemble pour garder la Flamme et pour que le "plus jamais ça" puisse avoir un sens partagé et approprié par tous, un sens véritablement républicain.

En ce 11 novembre 2016, nous sommes réunis pour rendre un hommage appuyé aux hommes et aux femmes, tombés au champ d’honneur entre 1914 et 1918 et qui ont sacrifié leurs « 20 ans » pour que nous soyons libres aujourd’hui. C’était il y a un siècle, mais les images demeurent et doivent demeurer omniprésentes.
Avec la première guerre mondiale, la France, l'Europe ont basculé dans un autre monde dont l'héritage est encore vivace, ce monde ne s’est finalement jamais remis des atrocités des deux conflits mondiaux du XX° siècle.
65 millions d'hommes mobilisés. Des destins brisés: 8 millions et demi de morts. 21 millions de blessés, 4 millions de veuves, 8 millions d'orphelins. Voilà ce que fut le bilan de cette guerre abominable. Suite au 11 novembre 1918, les puissances qui venaient de mettre ce monde en charpie, se sont mis à parler de paix.
« Plus jamais ça ! » ont-ils crié… Mais la mémoire des Hommes est courte, laissant à nouveau libre cours à l’appétit du pouvoir et du gain. Laissant la place à des meneurs qui brillent bien moins par leur sagesse et leur empathie que par leur disposition à créer le conflit, à répandre la peur et la haine, les rumeurs et la propagande. Contrairement à une idée que certains propagent, une guerre est-elle vraiment nécessaire pour préserver la paix ? Face à de telles tragédies humaines, à l’image de la Première Guerre Mondiale, on est en droit de se le demander. Chaque arme produite a le pouvoir de se retourner contre son fabricant. Oui, la mémoire des Hommes est courte !
C’est pour cette raison essentielle et considérable, que la mémoire de ces événements est un devoir. Que le souvenir et l’Hommage qui est rendu envers les victimes de cette Grande Guerre, comme de toutes les guerres, qu’importent le camp et les origines, doivent être à la fois maintenus et reconnus.
En ce 11 novembre 2016, jour de l’armistice, dont la définition est un accord de suspension des hostilités entre deux armées, afin de préparer la paix, que ce jour soit un écho du passé, pour honorer la mémoire de nos « poilus », et placer leur espoir de paix parmi nos plus grandes aspirations et motivations.

Commémorer, c’est faire de l’éducation civique, de la pédagogie citoyenne. La France n’est rien sans ce que les Français ont en commun. L’histoire d’un pays, c’est le ciment de son unité. Et la première guerre mondiale est l’instant le plus fort de l’unité d’un peuple. Durant ces quatre années, les Français se sont appliqués à rester unis.
Le 11 Novembre, c’est le souvenir de l’immense souffrance de nos aïeuls qu’on a envoyés par milliers conquérir des morceaux de collines, des bouts de paysage, des lopins de terre éventrés. Pour pas grand-chose et parfois pour rien, au nom d’une gloire que chaque communiqué des états-majors se doit d’illustrer. Comment ne pas évoquer Verdun, bataille la plus gourmande en hommes de toutes celles de l’histoire ? Qu’est-ce qu’une victoire lorsqu’elle se solde par la mort de 360 000 de nos compatriotes ?
La Première Guerre mondiale, c’est l’histoire d’une des plus grandes souffrances humaines. Et c’est au nom de l’homme, de tous les hommes, qu’il s’agit, par simple amour de la vie, d’en garder la mémoire. Et tous les ans, un jour n’est pas de trop pour faire vivre un souvenir comme celui-là.

Je voudrais terminer mon discours sur les paroles traduites de la chanson « Fragiles » qui débutera le concert de Sting au Bataclan demain, un an après le drame dans la salle parisienne.
« Si le sang s'écoule quand la chair et l'acier ne font qu'un en séchant dans la couleur du crépuscule alors la pluie de demain lavera toutes les taches. Mais une chose restera toujours présente dans nos esprits, Peut-être que cette action finale était faite pour mettre fin à la dispute d'une vie entière... Mais rien ne naît de la violence et ne pourra jamais en naître pour tout ceux, nés sous une étoile en colère de peur que nous oublions à quel point nous sommes fragiles.
Sans relâche, la pluie tombera comme des larmes d'une étoile, comme des larmes d'une
étoile. Sans relâche, la pluie répétera à quel point nous sommes fragiles, oui à quel point nous sommes fragile.

Depuis quelques années, tous les « morts pour la France » hier dans la Grande Guerre, dans la Seconde Guerre Mondiale, dans les guerres de décolonisation, aujourd'hui, dans les opérations extérieures sont désormais réunis dans le souvenir et l'hommage de la Nation. Face à la montée des intolérances, la multiplication des actes racistes et antisémites en France, la menace terroriste qui est réelle, les défis sont absolument majeurs et nous devons, au-delà de nos différences cultuelles, culturelles, sociales et politiques, mettre toutes nos forces pour combattre la haine de l’autre.

En mémoire de nos morts pour la France, en mémoire de tous nos aïeuls, en mémoire de nos Poilus, en soutien à nos soldats en combat au moment où je parle, en mémoire des peuples opprimés à travers le monde et en France, en pensées émues aux citoyens de Syrie sous les coups, les bombes et l'horreur de tortionnaires, en mémoire aux victimes des attentats terroristes, je vous demande de respecter une minute de silence.

Sans relâche, la pluie tombera comme des larmes d'une étoile, comme des larmes d'une
étoile. Sans relâche, la pluie répétera à quel point nous sommes fragiles, oui à quel point nous sommes fragiles.



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