« Je
m’appelle Hanna, j’ai quatorze ans et je suis élève en classe
de troisième au collège Jean Racine.
Pour
moi, résister c’est prendre des risques, s’engager pour autrui,
car on résiste parce que l’on aime son prochain. Résister, c’est
se donner la volonté d’avancer, en toute humilité, sans jamais
renoncer. Résister, c’est le droit de faire entendre sa voix, dont
il faut tenir compte. Tous les jours, on résiste.
J’ai
choisi de participer à l’atelier mémoire, car c’est un moyen de
s’exprimer librement sans porter de jugements définitifs, de
donner son opinion, mais aussi de rendre hommage à ceux qui
aujourd’hui me permettent de vivre libre. C’est également un
moyen de réflexion et de remise en question sur certains points,
cela m’a permis d’avoir un esprit plus critique sur la société
actuelle. Ce travail, que nous avons mené, redéfinit les valeurs de
la République et en explique leur sens propre.
Parmi
tous ces sportifs admirables, la rebelle du sport qui m’a
particulièrement marquée est Cathy Freeman. Elle a surmonté
d’énormes difficultés, elle a su prendre son courage à deux
mains et montrer aux femmes que nous sommes toutes capables de nous
mobiliser, que le sexisme n’a pas sa place dans ce monde fait de
mixité où chacun d’entre nous apporte sa personnalité, que
chacun a droit à la liberté. Les rebelles agissent parce qu’ils
éprouvent de l’amour pour l’humain et ses valeurs, ils veulent
vivre dans un monde égal, libre et solidaire. Je ne voudrais pas
évoluer dans un monde parfait, car cela est impossible et j’en ai
conscience, mais que le racisme soit banni de cette planète, car il
détruit les hommes, que l’on améliore le statut des femmes dans
la société, car elles ne sont pas encore les égales des hommes.
Plus
tard, j’aimerais être une citoyenne qui se batte pour l’égalité
et contre le racisme, car il y a encore trop de haine entre nous.
Même si je veux défendre des causes que certains pensent inutiles,
c’est l’indifférence qui me semble la plus dangereuse.
J’aimerais être une citoyenne solidaire, qui a des combats à
mener, car je crois qu’il faut que, nous les jeunes, les adultes de
demain, nous prenions le relais et continuions à avancer vers un
monde plus libre. »
J'ai
souhaité en ce 8 mai 2017, lendemain du 2° tour des élections
présidentielles et veille de la journée de l'Europe débuter mon
discours de commémoration par les paroles d'Hanna, collégienne de
Jean Racine à Alès. Hanna a participé à l'atelier mémoire qui
est une initiative d'un professeur Gilles Roumieux, atelier
participant à l'élaboration de projets culturels et artistiques sur
le thème de la Résistance et la Résistance dans le monde sportif
pour l'année 2017.
J'ai
emprunté les paroles d'Hanna car elles représentent exactement ce
que j'aurai pu vous dire il y a 25 ans, à la place d'Hanna quand
moi-même j'avais 14 ans et ce que je pourrais vous dire aujourd'hui
encore précisément. Résister, c'est prendre des risques, s'engager
pour autrui. Résister, c’est le
droit de faire entendre sa voix, dont il faut tenir compte.
En
ce 8 mai 2017, je voudrais vous parler comme je le fais à chaque
commémoration, vous parler des atrocités de la 2° guerre mondiale,
conflit le plus meurtrier de tous les temps : 55 millions de
morts, 3 millions de disparus, 35 millions de blessés, des veuves,
des orphelins et des prisonniers par millions. J'ai beaucoup réfléchi
à ce discours, en me disant que vous seriez peut être lassé de
m'écouter indiquer ce bilan et puis je me suis dit que finalement
peut être que nous n'en parlions pas assez.
Alors,
je suis juste là, devant vous, pour dire, tant que vous m'en
donnerez la possibilité, ce que mes aïeux m'ont expliqué de façon
pédagogique et réaliste parce qu ils l'avaient vécu et qu'ils
n'oublieraient jamais, comme nous mêmes nous ne devrions jamais
oublier : les sévices, les tortures, les camps d'extermination
qui ne sont pas et qui ne seront jamais des détails de l'Histoire,
des femmes violées, tondues sur la voie publique pour servir
d'exemple, des enfants emportés dans des trains de l'horreur, un
peuple forcé de porter une étoile jaune, des délations, des
mensonges et des trahisons dans un seul objectif démontrer que les
difficultés venaient de l'Autre, du plus frêle, du plus fragile, de
l'handicapé, de l'homosexuel ou de l'étranger. Et puis, je me
souviendrai toujours, de l'Histoire apprise dans les manuels
scolaires et mis en lumière et en relief par des professeurs
d'histoire géographie et d'éducation civique passionnés comme
peuvent l'être Gilles Roumieux, Vincent Bouget ou François Coppola
entre autres. Je n'oublierai pas comment Hitler est arrivé au
pouvoir sans doute parce qu'à l époque, personne ne voulait voir,
personne ne croyait voir que cet homme pouvait être ce monstre qu'il
fut avec le pouvoir et le sang dans les mains. Tout le monde pensait
qu'il était celui qui devait incarner le peuple allemand et le
vengeur de la première guerre mondiale. Mais quel désastre et
quelle horreur fut la suite !
Il est de mon devoir d'élue républicaine et surtout de citoyenne de ne pas oublier, de transmettre par les cérémonies officielles le devoir de mémoire à l'heure où le peuple de l'époque s'éteint peu à peu. J'ai envie de vous dire qu'un parti politique ne change pas parce qu'il change de nom ou de prénom. Alors, non, je ne suis pas là pour stigmatiser ni les électeurs du Front National ni les élus défendant ses positions. Je ne stigmatiserai jamais des femmes et des hommes qu'elles que soient leurs opinions je suis trop humaniste pour cela. Non, depuis quelques années, je veux juste comprendre, comprendre pour agir et transmettre les erreurs et les horreurs du passé pour ne pas oublier.
En
mémoire à nos résistants, en mémoire aux soldats de la guerre
1939-1945, en mémoire de nos morts pour la France, en mémoire à
Xavier Jugelé, policier tué sur les Champs Élysées et en soutien
à sa famille, en mémoire aux victimes des attentats à Stockholm,
Londres et Berlin, en Syrie et en Égypte, en soutien aux homosexuels
persécutés en Tchétchénie, en mémoire et soutien aux victimes
des régimes totalitaires, fascistes et inhumains, en mémoire à
ceux qui se sont engagés et qui s'engagent de nos jours, en mémoire
à ceux qui sont morts et meurent encore aujourd'hui sous les coups
de l'intolérance et de la folie, je vous demande de respecter une
minute de silence.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire