C'était il y a un siècle. Ce 10 novembre 1920, la Grande Guerre est achevée depuis deux ans. Dans la citadelle de Verdun, Auguste THIN, soldat de deuxième classe et pupille de la Nation, dépose un bouquet d’œillets blancs et rouges sur le cercueil d'un soldat. Un parmi tous les combattants des Flandres, de l'Artois, de la Somme, du Chemin-des-Dames, de Lorraine, de la Meuse... Un de ces braves ! Un des Poilus qui participa à une interminable guerre qui envoya 8 millions de soldats combattre sous les couleurs de notre drapeau, aucun qui n'en reviendra totalement indemne, 1 400 000 morts, des centaines de milliers de blessés dans leur cœur et dans leur chair. Un de ces Français qui œuvra à la tâche incommensurable de notre Liberté ! Un parmi des milliers qui est devenu le Soldat Inconnu. Un siècle après, 100 années après, Monsieur le Président de la République et le peuple de France, par notre souvenir, l'accompagne solennellement sous les voûtes de l'Arc de Triomphe. Et ce soir, comme chaque soir mais encore plus fort, la flamme du Souvenir qui veille sur sa tombe sera ravivée pour que jamais ne s'éteigne la mémoire.
Cette mémoire, notre mémoire, notre histoire de France dont les historiens, les comédiens, les écrivains, ce monde de la Culture en berne aujourd'hui, face à la crise que nous vivons, garde aussi éclairée la flamme du Souvenir par le spectacle vivant, par l'image, par les caricatures, par les écrits comme Maurice GENEVOIX qui entre ce jour au Panthéon, écrivain et porte étendard de « Ceux de 14 », titre d'un de ses romans humanistes.
Lecture des Morts pour la France soldats
Je viens de vous faire lecture des militaires morts pour la France depuis le 11 novembre 2019. Vingt noms qui depuis quelques années viennent rejoindre la liste des Morts pour la France des deux guerres mondiales de nos villages et de nos villes pour cette journée nationale de la commémoration de la victoire et de la paix. « Chaque 11 novembre, la Nation rend ainsi un hommage solennel à tous les morts pour la France, ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui. Chaque année nous rappelons leur nom. »
Une journée nationale qui commémore le passé, le présent et l'avenir, une journée pour se souvenir, une journée de mémoire, une journée de transmission pour que le Pire jamais ne se reproduise...
La mémoire, la transmission, la connaissance...
Saviez vous que 30000 instituteurs sont partis en guerre en 14-18 ? La première victime de l’attaque allemande, le caporal André Peugeot , tué traîtreusement par un officier ennemi, était précisément un instituteur. A cette époque, suite à des manifestations tapageuses, certains avaient mis en doute leur patriotisme dans la violence et l’injustice des luttes quotidiennes. Épris de justice, de droit, d’humanité, les instituteurs comptaient et comptent parmi les plus rudes ennemis des gens qui foulent aux pieds ces choses primordiales. L'hommage rendu à ces derniers, à l'Académie de France par le colonel Driant est un poignant témoignage de cette abnégation : « Les instituteurs ? … Tous des poilus , des patriotes toujours prêts au grand sacrifice ! C’est donc avec un légitime orgueil qu’au lendemain de la guerre ils pourront revenir s’asseoir dans leur modeste chaire et, si , ce jour-là , l’humble salle d’école semble plus lumineuse que de coutume , c’est parce qu’elle sera éclairée par un rayon de gloire et d’honneur , rapporté des champs de bataille par le maître »
On ne devient pas instituteurs, professeurs par hasard. Le sens de l'observation, les prises d'initiative et de responsabilité, le sens de l'Humain, de l'humanité emmènent à exercer ses humbles fonctions de transmission de connaissances. Ces capacités sont celles aussi des soldats. Ils n'est pas étonnant qu'ils se soient alors battus pour défendre au delà de leur Patrie, l’avenir des enfants de la France.
Plus de 105 ans après, avec ces mêmes capacités, ces mêmes objectifs, le 16 octobre 2020, un professeur comme beaucoup d'autres, embrasse son épouse, son jeune fils et part transmettre, transmettre nos valeurs républicaines, Liberté, Égalité, Fraternité et Laïcité. Il part pour ne jamais revenir... Chacun sait ce qui va arriver...
Jean-Jacques Goldman écrivait : « C'était un professeur, un simple professeur qui pensait que savoir était un grand trésor, que tous les moins que rien n'avaient pour s'en sortir que l'école et le droit qu'à chacun de s'instruire. Il y mettait du temps, du talent et du cœur, ainsi passait sa vie au milieu de nos heures et loin des beaux discours, des grandes théories à sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui... Il changeait la vie !... Il y mit tant de temps, de larmes et de douleur, les rêves de sa vie, les prisons de son cœur et loin des beaux discours, des grandes théories, inspiré jour après jour de son souffle et de ses cris... Il changeait la vie ! »
En mémoire de ces tranches de vie, de ces tranches d'histoire, celles avec un petit ou un grand H, en mémoire de ce Soldat Inconnu et pas si inconnu que çà, en mémoire de tous les soldats inconnus mais si présents aujourd'hui, à cet instant, en mémoire de Maurice Genevoix, d'Auguste Thin, en souvenir de nos soldats morts pour la France d'hier, de cette année, en mémoire de nos Morts pour la France sur ce monument aux Morts, ceux que chacun en connaît par la mémoire de nos anciens qui se transmet (et il faut qu'elle se transmette) ou par ce que chacun y met derrière, en mémoire à tous ceux qui souffrent dans le monde, qui souffrent de faim, qui souffrent de guerre et qui souffrent de paix, en mémoire de tous ceux qui sont sous les balles, les bombardements et qui n'ont rien demandé si ce n'est de vivre dans la paix, avec le Dieu qu'ils ont choisi ou celui qui ne choisiront jamais, en mémoire aux personnes victimes collatérales d'une crise sanitaire sans précédent, en soutien aux proches de toutes les victimes, en mémoire à Samuel Paty, je vous demande de respecter une minute de silence.
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