J’ai
frappé à ta porte
J’ai frappé à ton cœur
Pour
avoir un bon lit
Pour avoir un bon feu
Pourquoi me repousser
?
Ouvre-moi, mon frère… !
Pourquoi
me demander
Si je suis d’Afrique
Si je suis
d’Amérique
Si
je suis d'Asie
Si je suis d’Europe
Ouvre-moi, mon frère… !
Pourquoi
me demander
La longueur de mon nez
L’épaisseur
de ma bouche
La couleur de ma peau
Et le nom de mes
dieux ?
Ouvre-moi, mon frère… !
Je ne suis pas un noir,
Je ne suis pas un rouge,
Je ne suis pas un jaune,
Je ne suis pas un blanc,
Je ne suis qu'un homme.
Ouvre-moi mon frère... !
Ouvre-moi
ta porte
Ouvre-moi ton cœur
Car je suis un
homme
L’homme de tous les temps
L’homme de tous
les cieux
L’homme qui te ressemble…!
René Philombé
Chers vous tous,
En même temps que Sélène apprenait grâce à sa maîtresse, ce magnifique poème de René Philombé, Timoté découvrait celui de Louis Aragon « Coq »
Oiseau
de fer qui dit le vent
Oiseau qui chante au jour levant
Oiseau
bel oiseau querelleur
Oiseau plus fort que nos malheurs
Oiseau
sur l’église et l’auvent
Oiseau de France comme avant
Oiseau
de toutes les couleurs.
Louis Aragon
Né en 1930 à Batchenga, René Philombé de son vrai nom Philippe Louis Ombedé est un des pères de la littérature Camerounaise. Écrivain camerounais, poète, romancier, dramaturge et journaliste , il est également militant culturel et politique et crée un syndicat pour la police dont il devient le secrétaire.
Ce poème est tiré du recueil intitulé « Petites gouttes de chant pour créer l’homme « Tout un programme, des petits gouttes de chant pour créer l'homme...
Ses poèmes sont empreints de réalisme, d’humanisme et d’un profond intérêt pour la justice. Son appel à tous les hommes de dépasser ce qui les sépare lui confère une immense popularité. Ce poème L'Homme qui te ressemble est un véritable appel à la rencontre entre les Hommes, par-delà ce qui les sépare.
Louis Aragon est beaucoup plus connu que René Philombé. Louis Aragon est connu à la fois comme poète et aussi comme militant communiste mais un peu moins comme fondateur du journal quotidien Ce soir crée en 1937. C'est dans ce journal que Louis Aragon adressera, à l'aube de l'année 1939, ses vœux à la France et au monde dans un texte engagé et combatif.
Fin de l’année 1938, alors que les Français s’apprêtent à fêter le nouvel an, la question qui taraude les esprits est celle de la guerre qui couve, la seconde guerre mondiale. Plus que jamais, l’Europe est en proie aux violences. En Espagne, où la guerre civile fait rage depuis 1936, les nationalistes gagnent du terrain face aux républicains. Le 31 décembre, un raid d’avions italiens a fait parmi les civils à Barcelone 40 morts et 110 blessés. Le journal de Louis Aragon titrera alors « Un épouvantable massacre de femmes et d’enfants »
En Allemagne, cinq ans après son arrivée au pouvoir, Adolf Hitler intensifie sa politique de persécution envers les juifs et poursuit ses objectifs sanguinaires. Le 13 mars 1938, le Führer a annexé l’Autriche puis poursuivi sur sa lancée dans la région des Sudètes.
Dans Ce soir, Louis Aragon dénonce en particulier ce qui constitue à ses yeux la pire ignominie de l’année 1938 : les accords de Munich, par lesquels l’Allemagne, la France, et l’Italie ont livré aux nazis la Tchécoslovaquie.
Face à cette trahison, l’écrivain en appelle à une réaction populaire :
« Français, innocents, trompés, trahis, impuissants et honteux. Et je le dis avec toute la force des millions d’hommes qui pensent comme moi parce qu’ils sont les fils du pays de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, parce qu’ils sont les fils du pays qui fit Chartres et vainquit à Valmy, je le dis solennellement : il n’y aura pas de paix digne de ce nom qui laisse subsister au cœur sanglant de l’Europe ce déni de justice et cette indignité.
Je souhaite la Paix qui anéantisse jusque dans ses fondements le souvenir même de Munich. »
Aragon fustige ceux qui font le jeu du fascisme, en appelle aux principes de la Révolution française et se prononce envers et contre tout pour la défense des idéaux français :
« M. Léon Daudet souhaite de voir dans cette année l’effondrement de la démocratie française, des principes de 1789 et de tout le bataclan. Il parle en ceci le langage exact de Messieurs Hitler et Mussolini.
Je souhaite, pour mon compte, que 1939 déclare la paix au monde, pour reprendre l’expression de Victor Hugo. La Paix n’est pas la guerre civile que nos hypocrites sont prêts à faire aux Français avec le concours de M. Daudet.
La Paix n’est pas la mutilation de la France.
La Paix n’est pas l’asservissement des Français aux marchands de guerre et aux idéologies racistes.
La Paix, je la souhaite au monde entier. […] Et si rétablir la Paix, de même qu’aux jours de Napoléon, la Liberté dans le monde, exige de résister les armes à la main à ceux qui les armes à la main exigent qu’on agenouille, et courbe plus encore la France humiliée, à qui donc parmi nous cela ferait-il peur ?
Je ne souhaite pas la guerre. Je souhaite la Paix. Mais je dis aux seigneurs de la guerre, qu’ils portent la hache du licteur ou celle du bourreau, qu’ils s’habillent de noir ou de brun, que les Français regardent avec tranquillité 1939 et que, malgré les braillards s’il le faut, ils sauront défendre leur patrie, ils ne reculeront pas devant l’ouvrage. »
Et c’est à un autre ardent défenseur de la paix, « en qui s’incarne la plus haute et la plus pure pensée française », qu’Aragon donne la parole pour conclure l’année 1938 : l’écrivain Romain Rolland, prix Nobel de littérature 1915.
« 1938
est pour la France une année de deuil. Elle a trahi ses amitiés
internationales, livré la Tchécoslovaquie, abandonné l’Espagne.
Un sentiment de honte et de remords pèse sur notre démocratie.
[…]
Songeons aux veuves et aux enfants !
Secourons les
pauvres, les blessés et les prisonniers !
Nous savons tous
que, sur la terre d’Espagne, c’est la France qu’ils ont
défendue. Attestons-le ! »
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Louis Aragon s’engagera dans la Résistance en créant avec Elsa Triolet le Comité national des écrivains pour la zone sud et le journal La Drôme en armes. Il s’engage aussi par ses poèmes comme Les Yeux d’Elsa (1942) ou encore La Rose et le Réséda (1944).
J'ai donc voulu, avec l'aide de Sélène, celle de Timoté et les idées et le travail de leurs maîtresses Valérie et Violette, partager avec vous ces très belles strophes à l'occasion de la 76° commémoration du 8 mai 1945. 76 ans, c'est si loin et si près. 76 ans, c'est juste une année de plus que mes parents. C'est deux générations, deux générations de luttes, de mémoire et c'est avec Sélène, Timoté, Mathilde, Johane et tous les autres, une jeune génération qui, si nous n'en sommes pas vigilants, si nous ne partageons pas, si nous ne transmettons pas, ne saura pas, ne saura pas l'atrocité, l'inhumanité, l'horreur sanguinaire, raciste, xénophobe. Et elle est là, tout près, cette inhumanité. Vous l'avez peut être croisé, vous l'avez peut être évité, vous l'avez peut être pas cru mais elle est là, souterraine ou visible, cachée ou transparente, elle est là. Pour ma part, je l'entends à chaque réunion du Conseil Régional et cela me fait mal car elle flirte avec mon idée de démocratie. Oui, des élus d'extrême droite sont élus démocratiquement comme Adolf Hitler a été élu démocratiquement chancelier ! Alors, oui, posons nous des questions ! Tous les jours, posons nous des questions ! Échangeons avec ceux qui se posent des questions et qui ne trouvent des réponses que dans des discours extrêmes, partageons avec ceux qui ne se posent pas de questions parce qu'ils sont mal, parce qu'ils ont mal à leur France !
Les textes, les articles de la presse militante, les poèmes sont le reflet d'une époque et portent en eux les blessures et les espoirs de l'époque. Pour transmettre, appuyons nous sur ces mots pour ne pas être à nouveau face à de dramatiques maux...
En soutien à tous les citoyens, à tous les élus victimes de propos racistes, antisémites, xénophobes,
En souvenir de Francisco dit Paco Larroy, né en 1924 et disparu dernièrement, courageux combattant espagnol lors de la bataille de La Madeleine en août 1944, et qui reçut la Légion d’Honneur, au titre de guérillero et résistant,
En mémoire à tous nos résistants, en mémoire aux soldats de la guerre 1939-1945, en mémoire de nos morts pour la France, en mémoire de Stéphanie Monfermé, policière tuée au commissariat de Rambouillet et en soutien à sa famille, en mémoire aux victimes des attentats, en mémoire et soutien aux victimes des régimes totalitaires, fascistes et inhumains, en mémoire à ceux qui se sont engagés et qui s'engagent de nos jours, en mémoire à ceux qui sont morts et meurent encore aujourd'hui sous les coups de l'intolérance et de la folie, je vous demande de respecter une minute de silence.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire