René DOUSSIERE est Maire de PORTES, dans les Cévennes. Il a fait voter en conseil municipal une délibération demandant que soit abrogée la Réforme des collectivités territoriales, et s’opposant à la suppression des syndicats intercommunaux d’électrification et de distribution de l’eau.
Pourquoi « abrogation de la Réforme des collectivités territoriales » ?
Cette réforme est inadaptée, et ne correspond pas à une demande. Le pôle métropolitain Alès-Nîmes avance à grands pas, avec l’aval du Conseil Général de gauche, et nous, là-dedans, on n’est rien du tout. Ce qui est grave, c’est qu’on nous asphixie financièrement, et on risque d’être tentés d’aller dans de grands regroupements. Le Préfet a dit, concernant notre communauté de communes, qui n’est pas touchée par le projet départemental : « Pour eux, il est prématuré de forcer le destin ». Ca signifie que le Préfet connaît le destin du pays Grand’Combien !
Notre délibération a été claire : nous avons émis le vœu que « pour toutes les réformes des collectivités territoriales, les élus et les populations soient démocratiquement consultés ».
Par ailleurs, je suis très attaché aux cantons, et l’apparition dans cette réforme du « conseiller territorial », ça va être la fin des haricots. Dans le regroupement des cantons, le conseiller, qui sera inévitablement issu du plus gros canton, sera tenté de privilégier son territoire aux dépens des autres.
Et ne parlons pas des futures métropoles ! J’ai eu l’occasion de dire au Préfet que je préférais être une goutte d’eau dans un verre que dans un tonneau…
Avez-vous lu dans la presse que, dans la réunion de la CDCI d’avant-hier, une minorité de « non » avait pu bloquer un amendement pour réformer la carte, car la majorité des 2/3 est comptabilisée sur les inscrits, et non sur les présents ?
Je n’ai pas encore lu l’article, mais c’est sûr que, déjà au niveau des élections à cette CDCI, Alès et Nîmes avaient déjà placé leurs pions.
Et les syndicats intercommunaux ?
Nous fonctionnons en commun pour la télé, l’électricité, l’eau. Maintenant, tout sera à Nîmes. Pour le SIVU des pistes contre l’incendie, qui disparaît lui aussi, intervenait dans les réunions l’agent forestier du secteur, l’agent de l’ONF. Le Conseil Général a décidé que c’était terminé, et il a nommé un technicien, un ingénieur, qui a en charge tout le département ! Il est sans doute très volontaire, mais il ne connaît pas du tout le terrain ni les mœurs climatologiques de la région.
Quelles conséquences sur les impôts locaux ?
En fait, on nous force déjà à les augmenter ! Quand on demande une subvention, on nous dit qu’on n’est pas à la moyenne sur nos taxes locales, et donc on nous dit « mettez-vous déjà au niveau de la moyenne des taxes, et après on en rediscutera ! ». Pour des subventions sur l’eau, on a été obligé de monter le taux, sinon on n’avait rien !
6 maires du Gard appuient d’ores et déjà la délégation à l’Elysée, prévue le 7 décembre à 15h00. Seriez-vous prêt à signer la lettre ouverte au Président de la République ?
Bien sûr ! Le président de l’association des maires ruraux du Gard me l’avait d’ailleurs transmise par mail, et je l’avais imprimée.
Votre conclusion ?
Il faut résister, et il faut que les propositions partent d’en bas.
Propos recueillis par Alain RIVRON.
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