Bienvenue sur mon blog!

Élue maire depuis 2 ans le 14 mars 2010, j'ai eu envie de raconter cette aventure sur un blog.
Certains autres Maires ont leur blog alors je me suis dit: Pourquoi pas moi? Voilà, c'est fait: j'attends vos commentaires, vos impressions et tout et tout...

En effet, c'est une véritable aventure que je vis depuis 2008! Une aventure humaine incroyable et une aventure personnelle passionnante!

mardi 8 mai 2012

Mon discours du 8 mai 2012

Depuis quelques mois, j'ai l'impression de passer mon temps dans les cimetières pour accompagner à leur dernière demeure des personnes proches, j'ai d'ailleurs une pensée pour eux à cet instant. C'est pourquoi, aujourd'hui, près du monument au morts de Massillargues-Atuech, dans le cimetière communal, je suis fière d'honorer la mémoire des soldats, des résistants de la 2° guerre mondiale.
    J'honore ceux qui ont lutté contre l'ignominie d'un fou, contre l'intolérance, la violence, j'honore ceux qui ont résisté. En vous parlant de résistance, je souhaite que nous ayons une pensée pour Monsieur Raymond Aubrac décédé le 10 avril dernier à l'âge de 97 ans. Né dans une famille juive lorraine, l'affaire Dreyfus a particulièrement marqué sa jeunesse mais aussi celle de nombreux autres femmes et hommes de son époque. On comprend alors mieux les valeurs qui ont guidé sa vie et celles de tous ces résistants, des valeurs de tolérance, de justice, de solidarité, de bonté, des valeurs humaines fortes.
Quelques mois avant son décès, Pascal Convert, son biographe lui demandait ce qu'il pensait de la société actuelle et alors il répondait, lucide, qu’une société solidaire, ça se construit. Il analysait les développements du monde ultra-libéral, et en mesurait les destructions. Mais il ne succombait pas au pessimisme. Il avait espoir dans la jeunesse. Il était conscient qu’il y avait une montée de l’extrême-droite au niveau européen et ce qu’il regrettait, c’est que les gens pensent qu’on perd de la liberté lorsqu’on s’engage. Alors que l’engagement des gens de sa génération, c’était justement la liberté. 
     Merci à vous, Raymond et Lucie Aubrac, à tous vos autres compagnons de résistance de nous avoir montré le chemin et le goût de la liberté, le prix et l'honneur de l'engagement. Espérons que nous puissions tous ensemble retrouver ce chemin de la liberté, se recentrer autour des valeurs de respect, de tolérance, d'engagement et de résistance.

    Récemment, le chanteur Cali a écrit de très belles paroles que je me suis permise de lui emprunter pour la cérémonie officielle de ce jour. Peut être n'ont elles pas été écrites pour la guerre de 1939-1945 mais vous verrez que ce merveilleux texte peut, malheureusement, s'appliquer à tous les conflits qui ont émaillé et émaillent encore notre histoire.

À chaque instant, ils pourraient arriver, ils pourraient nous surprendre, enlacés comme ça
Ton visage a tellement changé pendant la nuit mon ange... C'est cette putain de guerre qui t'a donné trente ans. Relève-toi, ne pleure plus, il faut fuir maintenant.

C'est cette putain de guerre qui t'a donné trente ans. Ne pleure plus, prends les gosses sous le bras et... vas-t'en!

Laisse les photos sur la cheminée, qu'ils voient juste le bonheur qu'ils déchirent. Rejoins vite le troupeau des veuves qui grimpent la colline du village martyr.

Et vos hommes tiendront, ils tiendront jusqu'au bout: Plutôt mourir debout...
que vivre à genoux.

Oui, j'ai envie de toi, comme c'est étrange d'imaginer mais … C'est peut-être la dernière fois...
Oui, je veux te suivre tout là-haut encore une dernière fois...

Mon amour je garderai cette nuit dans le ventre et tes seins sous ta chemise qui dessinaient ta respiration et mes mains sur ta peau qui n'étaient plus les mains
fatiguées d'un maçon.

Tu sais mon ange, je garderai ces moments dans le cœur quand tu hurlais pour rien, quant tu hurlais au bonheur. Et les enfants riaient et le jardin en friche, il riait lui aussi: Mon Dieu, tu étais belle!
Et j'entendrai vos voix pendant le dernier souffle
Je garderai tout ça. La mort ne me fait plus peur, comme j'ai de la chance de partir amoureux de toi!

Ils me fusilleront, peut-être, derrière la maison et de chacune de mes plaies coulera notre amour
Ils me fusilleront derrière la maison et c'est à cet endroit, que Giuseppe et Maria s'aimeront pour toujours.

Si tu entends hurler au loin, surtout ne te retourne pas, c'est le cri de l'espoir … Qui monte, qui monte, qui montera là-bas. Étreins fort les enfants et dis-leur que leur père est parti... amoureux. Et que tu seras forte et que tu seras belle et que tu les aimeras pour deux. Et que tu seras forte et que tu seras belle et que tu les aimeras pour deux.


    Ils s'appelaient Guiseppe et Maria, ils auraient pu s'appeler Simon et Rachel, ils auraient été juifs, ils auraient pu s'appeler Ahmed et Fatima, ils auraient été musulmans, ils auraient pu s'appeler Robert et Marie Georges, ils auraient été communistes, ils auraient pu s'appeler Jean Claude (Mailly) et Rose (Boutaric), ils auraient été syndicalistes. Ils s'appelaient juste Guiseppe et Maria, il était maçon, elle veillait sur ses enfants. Aujourd'hui, de la guerre 39-45, nous connaissons le nombre de morts (55 millions), le nombre de disparus (3 millions) le nombre de blessés (35 millions), des millions de veuves, d'orphelins et de prisonniers. Ils ne s'appelaient pas Guiseppe et Maria.
Cependant, lors de la deuxième guerre mondiale, lors des 6 années d'affrontements, combien y a t-il eu de Guiseppe et Maria, combien y a t-il eu de fusillés derrière leurs maisons, combien y a t-il eu d'amoureux obligés de se séparer, combien y a t-il eu de personnes âgées dans l'obligation de laisser leurs photos sur la cheminée, combien y a t-il eu de personnes traumatisées, terrorisées, ou outragées?  On ne sait pas, on ne sera jamais mais notre devoir c'est de ne pas renouveler ces périodes terribles de l'histoire, de notre Histoire!

    Alors, on va me répondre mais ce n'est pas pareil ce qui se déroule aujourd'hui. Aujourd'hui, il existe des médias qui nous montre ce qu'est l'horreur des crimes contre l'humanité, qui nous montre ce qu'est la diversité. Eh oui, mais aujourd'hui, ces mêmes médias nous montrent à longueur de journées certaines images en boucle, on appelle cela « l'info en continu » Alors, c'est beau, l'info en continu mais il faut toujours avoir en parallèle de cette info en continu, un esprit critique, un esprit de contradiction, un esprit d'anticipation.
Le 30 janvier 1933, Hitler devient chancelier du Reich puis se fait plébisciter en 1934 comme président, titre qu’il délaisse pour celui de Führer (« le guide ») Nous venons de vivre des élections présidentielles les plus médiatisées de notre histoire. Le parti d'extrême droite a fait un score qu'on ne peut pas ignorer. Ce que nous ne devons pas ignorer non plus c'est notre devoir de mémoire, notre devoir d'esprit critique. Ce n'est pas en changeant le nom d'un parti, ce n'est pas en changeant la tête d'une personne qu'on en change les idéologies et les valeurs. Ne fermons pas les yeux sur le contexte que nous vivons aujourd'hui mais juste ravivons le devoir de mémoire, notre devoir de mémoire. C'est le but des cérémonies du 8 mai 1945.
   
    A la mémoire de nos résistants, à la mémoire de nos soldats de la guerre 1939-1945, à la mémoire de nos morts pour la France, à la mémoire de ceux qui se sont engagés car c'était pour eux la liberté, à la mémoire de ceux qui sont morts et meurent encore aujourd'hui sous les coups de l'intolérance, de la folie, je vous demande de respecter une minute de silence.

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