Le printemps des écologistes : un souffle à ne pas gâcher !
Nous appelons tous les écologistes, tous les coopérateurs d’Europe Écologie-Les Verts, tous les citoyens qui le souhaitent à ré-enchanter la politique en France. Le congrès fondateur d’Europe Écologie-Les Verts du 4 juin prochain est un moment clé de l’histoire politique de notre pays. Qui que tu sois, d’où que tu viennes, nous t’appelons avec force à soutenir la motion qui dans ce congrès ouvre à la société du débat, à l’interconnexion des initiatives d’une véritable société civique : « Construire l’écologie pour toutes et tous » conduite par Daniel Cohn-Bendit.
Nous, citoyennes et citoyens au front pour la transformation écologiste de notre société, affirmons que nous pouvons, nombreux-ses, résister aux désespoirs de la politique confisquée, nous mobiliser pour les emplois de demain, expérimenter une autre alimentation, substituer des énergies propres et des logements décents à la précarité généralisée. Prendre aussi, car c’est indispensable, le chemin des urnes. Nous soutenons par nos engagements et par nos luttes la construction déjà engagée d’une société alternative, d’un espace de politique inventive qui réponde aux besoins et aux désirs, qui nous permette d’être les acteurs d’un monde plus juste.
Nous faisons clairement le choix de l’énergie et de la créativité du mouvement écologiste. Nous récusons la tentation de l’ordre et du consensus conservateurs. Face au manque d’appétit des raisonnables, face à la tentation de la stabilité d’appareil, nous disons qu’aucune grande idée ne peut s’épanouir sans l’audace d’une pratique démocratique en construction perpétuelle. L’écologie gagnera dans un espace politique ouvert et pluriel, un espace où l’on prend la liberté de donner sa place aux différences, aux débats, à une sympathique et sereine confrontation des idées et des arguments. Nous prenons le risque de réfléchir et d’agir, de nous organiser autrement. Nous prenons le risque d’une construction inédite, en donnant à notre mouvement l’ampleur d’une coopérative effervescente. Réinventer la démocratie ce n’est pas l’irresponsable chaos, c’est la chance d’une écologie porteuse d’avenir.
A tous les désillusionnés des causes trop souvent perdues, à tous les opprimés d’un monde sans pitié pour les hommes et pour la Terre, à tous les déçus et les blasés du changement politique, nous le disons modestement mais avec conviction : la coopérative politique des écologistes est la vôtre. Ensemble, venu-es d’une multitude d’horizons, nous avons commencé à repousser les murs, à dégager des perspectives. Vous êtes nombreux à nous avoir rejoints. Vous êtes encore nombreux sur le bord du chemin, dubitatifs.
Comme vous, nous voyons des perspectives politiques qui se délitent, qui se réduisent aux visions et aux intérêts les plus étroits, aux tentations nauséabondes et aux régressions identitaires. Nous n’avons pas à choisir entre nos bas instincts, nos peurs ou des gouvernements de petits comptables. Halte aux fossoyeurs de l’humanité ! Qui peut dignement se présenter au suffrage universel sans proposer d’alternative aux effets destructeurs de la mondialisation, à l’hyper productivisme, à l’apathie démocratique, au saccage de la biodiversité ? Pour nous, l’écologie politique constitue le pivot démocratique que nous avons sollicité de toutes nos forces, dans tous nos combats. Elle est ce nouvel axe, à la fois capable de rassembler et de se confronter aux enjeux du XXIe siècle.
Les particules disséminées ne font pas un projet. Rassemblons les familles, articulons toutes nos idées même et surtout celles de ceux qui sont encore éloignées, et ouvrons notre base sociale. Qui peut penser gagner aujourd’hui sans élargir sa base sociale ? Les microcosmes aux apparences sécurisantes ne sont le plus souvent que la reproduction notabilisée d’eux-mêmes.
Nous savons combien la nouveauté est suspecte dans notre pays, un pays où la parole politique authentique peine à se faire entendre. Etouffé sous les fausses promesses, les appareils sclérosés, les égos spéculatifs. Nous aussi, nous sommes fatigués de ces partis où il faut cinquante ans de jeux de coude pour être entendu, fatigués du cynisme et des arrangements, de l’obsessionnel partage des postes.
Pourtant l’espoir force dans les interstices. La liberté prend le dessus. L’on se surprend à avoir à nouveau le droit de penser, de rêver, d’espérer. Oui, nous sommes toujours un peu fous, fous d’avoir l’audace de vouloir repenser le monde, fous de vouloir réinventer l’art d’élaborer des idées, l’art de réfléchir ensemble. Oui, nous nous donnons le droit de dire : mais où est l’homme dans tout ça ? que faisons-nous de nos vies ? et le travail, et l’argent, et le temps, et l’autre, et la nature ? et ce fameux « progrès » ? Oui, nous avons à nouveau la légitimité de dire non à Wall Street, non aux despotes, non aux paradis fiscaux, non à l’obscurité chimique, au mythe nucléaire, non à la pauvreté et au saccage des cultures ! Oui, nous voulons coopérer, élaborer un projet politique pour transformer ensemble la société.
Le printemps des écologistes ne soufflera qu’une fois ! La reconversion écologiste de la société se fera avec nous. Rien n’est écrit, tout nous appartient. La coopérative des écologistes c’est cela. Ne gâchons pas cette belle chance !
José Bové, coopérateur de l’écologie politique
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